Sa plus basse besogne [PV Léa Emrys, Roi Ariel, Reine Eric, Princesse Kathleen]

Errant telle une ombre dans les couloirs sombres du palais, la main sur le pommeau de son épée, Lancel essayait de s'apprêter à commettre l'irréparable, l'acte qui détruirait à jamais la confiance que Kathleen avait en lui mais qui, paradoxalement parlant, serait l'acte salvateur d'Elora. La simple idée que de blesser le roi et la reine lui donnait envie de vomir, ils avaient été si bons avec lui! Il sentait les larmes poindre dans ses yeux verts mais il tenta de les refouler. Les larmes ne le sauveraient pas. Il ne pouvait pas être sauvé. Il serait vu comme traître et tricard pour le reste de sa misérable vie, mais Elora vivrait, elle. Elle qui n'avait commis aucun crime. Cela serait suffisant pour lui. Si elle vivait, même loin de lui, cela suffisait. Il se le répétait sans cesse, comme pour s'en convaincre. Et à force de penser, il se retrouva devant les portes non-gardées de la chambre royale.

Son destin l'attendait.

Personnages joués : Roi Eric, Reine Ariel

Le roi Eric et la reine Ariel s’était couchés tôt ce soir là, en prévision des audiences qui les attendraient le lendemain matin. Eric et Ariel s’étaient tout-de-même intéressés de très près au retour récent de leur fille et à tout ce qu’elle leur avait appris sur l’Ombre et sur ce qu’elle avait découvert. Ils étaient bouleversés qu’elle, Matthieu et Léa, leurs trois enfants chéris, aient tous participé à cette enquête contre l’être le plus maléfique de tout Storyearth. Ils étaient particulièrement rassurés de les voir revenus enfin à la maison. Aussi étaient-ils tranquilles pour la première fois depuis longtemps et s’étaient-ils endormis paisiblement. Dans la chambre, rien ne bougeait.

A travers l'interstice de la porte entrouverte, Lancel observait le couple royal dormant du sommeil des justes. Il n'avait aucune envie de les tuer mais il n'avait guère le choix. Non, en fait il avait le choix. Vivre loin d'Elora mais en sachant qu'elle vivait alors que lui serait un renégat ou rester fidèle à ses souverains, en vivant avec le poids du trépas de la femme de sa vie dans le coeur, sur sa conscience. Cela était sans doute affreux à penser, mais la vie d'Elora lui était plus précieuse que tout. La main sur le fourreau de son épée, il inspira discrètement un grand bol d'air et l'expire en silence pour calmer sa peur. Ce soir, il allait commettre un double régicide. Au nom de l'amour. Comme cela sonnait faux et fou! Mais c'était le seul moyen de sauver Elora. Un Lannister payait toujours ses dettes et Cersei en aurait une envers lui s'il obéissait. Elle libérerait Elora. Il entra sur la pointe des pieds et sans un bruit, il leva son épée, espérant que sa main serait fiable afin de leur accorder une mort douce et rapide.

De retour de la réunion de comité pour faire un point sur les enquêtes, Léa et Matthieu étaient repassés par le château d'Eric et Ariel. Il était prévu que Léa reparte suivre une série d'entraînement au satellite des Jedis, mais la jeune fille avait insisté pour prendre quelques jours de repos avant de repartir. Elle n'avait d'ailleurs pas trop dû insister, avec l'aide de Kathleen, elle avait convaincu son frère que c'était une bonne idée de se reposer pour se remettre de ses blessures.

Il faisait nuit, et Léa n'arrivait pas à dormir. Sa confrontation avec Emilie la travaillait encore. Comment sa meilleure amis avait pu lui dire autant de méchancetés ? Léa ne savait plus quoi penser.  Elle n'avait rien détecté dans la Force ou dans le language corporel de son amie qui puisse inidiquer qu'elle pensait tout le contraire de ce qu'elle disait. Mais son coeur lui disait que ce n'était qu'une comédie de sa part. Pourtant Alina n'avait pas hésiter à mettre son frère hors de combat, et le conseil Jedi avait l'air sincèrement surpris que la traitresse se retourne contre eux. La situation était un imbroglio impossible à démêler, et cela frustrait la jeune padawan au plus haut point.

Espérant trouver la paix de l'esprit, et accessoirement le sommeil, Léa décida de sortir de sa chambre et d'aller faire un tour dans le palais endormi. Ayant envie de discretion, la jeune Jedi ôta rapidement ses vêtements de nuit et enfila des vêtements sombres et confortables. Sur la pointe des pieds, Léa parcourut le couloir qui menait vers les parties centrales du palais. Passant devant les appartements d'Ariel et Eric, Léa vit que la porte était entrouverte. Voilà qui était vraiment anormal.  La Jedi étendit ses perceptions dans la Force et ressentit la présence d'une troisième personne dans la chambre. Lancel si ses perceptions étaient correctes. Mais qu'est-ce qu'il faisait là? Ses appartements étaient à l'autre bout du palais. Et pourquoi ressentait-elle tant d'émotions conflictuelles chez le jeune Lannister? Déterminée à aller au fond des choses, Léa entra dans les appartements et se dirigea vers la chambre dont elle ouvrit la porte grâce à la Force.

La scène qui s'offrit à elle la fit stopper un bref instant. Lancel se tenait juste à côté du lit princier, l'épée levée prêt à frapper. L'irruption de Léa lui fit arrêter son geste. La jeune Jedi se reprit rapidement et projeta Lancel contre le mur à l'aide de la Force. Avisant l'épée du prince Eric, Léa l'attira à elle via la Force, s'en saisit et vint se placer d'un bond aisé de la Force entre Lancel et le lit. Le regard glacial, elle lui demanda des explications dans un murmure qui aurait même effrayé son frère.

« Vous avez intérêt à avoir une très bonne explication Lancel. Je suis déjà suffisament énervée ce soir, ne me donnez pas de raison de passer ma frustration sur vous. »

Décidément, cette Force comme l'appelait les Jedis était redoutable! Son dos allait se souvenir de ce mur. Léa semblait furieuse et prête à le tuer s'il le fallait. C'était bien. Au moins, il était soulagé de ne pas avoir eu à tuer le roi et la reine. Il avait trahi son allégeance et dans le fond, c'était ce que Cersei voulait. Sa part du contrat était remplie. Elora allait vivre. Libre.

« Aucune parole ne saurait justifier mon acte. Elle l'expliquerait mais cela serait tout. Tranquillisez vous. Vous nous avez rendus service à tous. Je n'aurais pas à faire cet acte indigne sans pour autant condamner quelqu'un. »

Il ramassa son épée et la rangea dans son fourreau, se préparant à partir.

« Libre à vous que de me tuer dans mon départ si le coeur vous en dit. Je l'aurais mérité de toute façon. »

Réajustant sa cape, il commença son chemin qui aller le mener à l'endroit qu'il avait fui jadis. Pour Elora. Pour Elora. Pour toujours et à jamais pour elle. Pour qu'elle puisse vivre. Pour qu'elle ne meure pas pour avoir eu pour seule faute que d'avoir osé aimer un Lannister.

Personnages joués : Roi Eric, Reine Ariel

Le roi et la reine furent réveillés en sursaut par le bruit de Lancel heurtant le mur. Le roi se redressa dans le lit pour voir avec stupeur Léa entrain de menacer Lancel. avec sa propre épée. Aussitôt, il se leva et s’approcha de Lancel pour récupérer son épée, mais il ne s’éloigna pas du jeune homme en entendant ses paroles. Il ne comprenait pas exactement de quoi il parlait, mais il était évident qu’il s’était passé quelque chose d’obscur.


La reine s'était également redressée mais n'était pas sortie du lit. Elle n'était d'ailleurs pas très bien réveillée. Elle constatait simplement la situation et elle avait l'impression de passer du rêve au cauchemar. Et en voyant son époux réagir, elle considéra qu'il était temps de calmer la situation et de demander des explications. C’est alors que sa voix se fit entendre.

« Léa, ma chérie ! Mais que s’est-il passé ? Lancel… qu’a-t-il fait ? »

Léa était prête à combattre, elle s'attendait presque à une furieuse attaque de Lancel, mais à sa surprise il n'en fut rien. Du jeune homme elle ressentit simplement de la résignation et du ... soulagement ? De plus en plus étrange. Qu'est-ce qui pouvait bien passer par la tête de ce chevalier? Il essaye d'assassiner son oncle et sa tante, et il est soulagé qu'on l'en empêche? Voilà qui est bien anormal. De la frustration, de la colère, on pourrait comprendre, mais du soulagement...

Et en plus le voilà qui part dans un trip « vous ne pouvez pas comprendre les raisons de mon geste donc pas la peine de vous expliquer ». Et il compte s'en tirer juste comme ça cet abruti? Alors là même pas en rêve. Léa allait ouvrir la bouche pour lui dire le fond de sa pensée quand elle sentit le prince Eric se lever et s'approcher d'elle. La jeune Jedi resserra sa prise sur l'épée du prince, maintenant sa garde en direction de Lancel et se plaçant délibérément entre l'agresseur et son Oncle. Que Lancel range son épée et lui tourne le dos surprit davantage la jeune fille. Le voyant partir vers la porte Léa referma celle ci d'une poussée de Force. L'intervention de sa Tante Ariel la ramena à la réalité.

« Je viens de l'empêcher de vous trucider à coup d'épée dans votre sommeil. Maintenant il s'en va presque comme si de rien n'était et c'est hors de question.

Personne ne va te tuer Lancel, sauf si tu as la bêtise de dégainer ton épée pour attaquer, mais par contre tu ne sortiras pas d'ici avant de nous avoir donné une sérieuse explication. Sinon je demande à Kathleen de te botter les fesses. »

Un sourire triste se peignit sur les lèvres de Lancel. Il était heureux que cela ne se vit pas cependant. Le questionnement de Léa était plus que légitime. Mais hélas, s'il déliait sa langue, Elora n'aurait plus jamais l'usage de la sienne.

«Personne ne va te tuer Lancel, sauf si tu as la bêtise de dégainer ton épée pour attaquer, mais par contre tu ne sortiras pas d'ici avant de nous avoir donné une sérieuse explication. Sinon je demande à Kathleen de te botter les fesses. »

Il retint un petit rire.

« Je sais que je suis un idiot mais pas assez sot pour m'attaquer à toi. Tu peux me mater en un clin d'oeil. »

Il pensa à la deuxième partie de sa phrase. Oui, ils méritaient tous une explication. Or, il ne pouvait pas la donner.

« J'ai en effet une raison. Que je ne peux pas te donner. Parce que si je le fais, une vie sera perdue sous peu. Et connaissant la personne qui m'y force, elle n'hésitera pas, le sang ne lui a jamais fait peur. Je devais tuer Leurs Majestés ce soir pour épargner une vie qui m'est chère. Tu m'en as empêché. Et même si ma mission a échoué en ce point, le but est atteint pour la personne qui tire les ficelles. »

Il faisait attention au choix de ses mots. Cersei avait sans doute des espions. Le sous-texte y était et il savait Léa suffisamment futée pour comprendre. Au moins, aux oreilles de Cersei, personne n'aurait été incriminé. Il n'avait qu'une hâte: partir. Parce que la déception des deux souverains qu'il avait appris à aimer était juste trop pénible à supporter. Parce que la déception de Léa était trop dure à supporter. L'atmosphère était étouffante et il se surprit à souhaiter qu'elle ne l'étrangle.

Personnages joués : Roi Eric, Reine Ariel

Le roi Eric se sentit quelque peu humilié de voir sa petite fille de onze ans s’interposer entre lui et le danger, mais malheureusement, et même si son ego devait en prendre un sérieux coup, il fallait reconnaître qu’il ne faisait pas le poids. Il n’avait ni pouvoir magique, ni capacités de Jedi, la seule force qu’il possédait lui venait de son épée. Et s’il avait des compétences évidentes en ce domaine, il n’était tout-de même pas à la hauteur des capacités de Léa. Il écouta les explications, ou plutôt les paroles confuses et vagues de Lancel et se tourna vers sa femme.

Ariel n’avait jamais trouvé que c’était une chance d’avoir une fille sorcière les deux autres Jedis. Ils étaient toujours sur les routes, toujours menacés par les dons qu’ils avaient. Mais aujourd’hui, elle ne pouvait qu’être heureuse que Léa ait ce don. Quelles que fussent les raisons qui avaient pu pousser Lancel à les attaquer, sans Léa, il aurait réussi. Il avait d’ailleurs été sur le point de le faire. Mais entendre ces mots dans la bouche de Léa la sidérait, d’autant qu’elle la voyait encore comme une enfant. Pourtant, elle avait déjà certaines responsabilités et attitudes d’adulte.

« Lancel, voyons, je ne comprends pas. »

Lancel s’expliqua alors, ou plus exactement, il noya le poisson, mais Ariel savait comprendre les choses à demi-mot. Quand son mari tourna la tête vers elle, elle sut aussitôt quelle question il voulait lui poser, quelle confirmation il attendait. Aussitôt, elle hocha la tête. Eric venait donc d’avoir la confirmation qu’il attendait. Hochant la tête à son tour, il se tourna vers sa petite Léa, le cœur serré, mais l’esprit clairement axé sur ce qui était nécessaire.

« Laisse-le s’en aller, Léa. Il n’est plus un danger pour nous, et il a apparemment des choses à régler. »

Il avait le ton un peu plus dur qu’il ne l’aurait voulu, car il aurait préféré pouvoir rassurer Lancel, mais il en était incapable. Il ne pouvait pas accepter aussi facilement une tentative de meurtre sur celle qu’il aimait, eut-il pu le faire concernant lui-même. Tout ce qu’il pouvait lui accorder de mieux, c’était la liberté de faire ce qu’il jugeait devoir faire.

Avec les paroles de Lancel, de nombreuses pièces du puzzle se mirent en place dans l'esprit de Léa. Bien qu'elle n'ai pas toutes les pièces, elle avait déjà une vue d'ensemble. Une personne avait enlevé un être cher à Lancel afin de le forcer à si pas tuer les souverains, au moins leur faire perdre confiance en lui. Cette personne cherchait à l'isoler. A la demande du prince Eric, ouvrit la porte via la Force. Au cas où ils étaient surveillés elle décida de jouer une petite comédie. Elle fit un clin d'oeil absolument pas discret à Lancel avant de brandir l'épée et d'ouvrir la bouche.

« Partez tant que vous le pouvez encore misérable cloporte! Moi vivante vous ne toucherez pas à un cheveux de leur majestés. Je suis affreusement déçue, moi qui pensais pouvoir vous faire confiance, je m'apperçoit que nous avions nourri une vipère en notre sein. Quelle honte! Hors de ma vue, traitre! »

Une fois Lancel parti, Léa rendit son épée au prince Eric, et s'assit en tremblant légèrement sur le lit. L'expérience l'avait un peu secouée, et bien que Lancel ne soit pas un traître le pseudo-trahison d'Emilie lui faisait encore mal. Maîtrisant difficilement sa voix elle se tourna vers son Oncle et sa Tante.

« Tante Ariel, Oncle Eric, ne le jugez pas trop durement. Il n'est déjà pas très confiant en lui la plupart du temps, mais en plus si on l'oblige à faire ce genre de chose pour que nous perdions confiance en lui... Lancel n'est pas un traître! »

La jeune fille avait presque crié cette phrase tant ses émotions étaient en ébullition. Au bord des larmes, elle était à deux doigt de s'effondrer, la fatigue jouant en plus de toutes ses émotions.

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, Lancel, surpris, ne put s'empêcher de se retourner vers la jeune Jedi. Il vit à son regard qu'elle avait compris et son clin d'oeil lui prouva son intuition. Elle venait de lui assurer qu'elle était de son côté. C'était un geste minime, mais il réchauffa le coeur du jeune homme au plus haut point.

« Partez tant que vous le pouvez encore misérable cloporte! Moi vivante vous ne toucherez pas à un cheveux de leur majestés. Je suis affreusement déçue, moi qui pensais pouvoir vous faire confiance, je m’aperçois que nous avions nourri une vipère en notre sein. Quelle honte! Hors de ma vue, traître! »

Elle jouait bien la comédie et il se retint de lui offrir un sourire de gratitude. Il prit ses affaires et entama sa sortie de la chambre royale. Oui, Léa l'avait compris et à son avis, le roi et la reine avaient sans doute compris aussi. Mais cela ne changeait rien à la gravité de son acte.

Adieu, royaume d'Ariel. Adieu, mes bons amis. Adieu, Princesse Kathleen. Je ne vous reverrais sans doute plus.

Il entama alors son périple vers sa terre natale.

Kathleen ne savait pas combien de temps avait passé entre le moment où Lancel avait reçu le mot et le moment où elle l’avait découvert. Et elle n’avait aucun doute sur le fait que son amour pour Elora pouvait le pousser à commettre les pires atrocités si Cersei le lui demandait, d’ailleurs, Cersei était tellement influente sur sa psyché que Kathleen avait très peur des conséquences pour Lancel si jamais il redevenait son prisonnier. Il risquait de replonger dans la sombre souffrance que ce monstre lui occasionnait.

Quand la jeune princesse arriva dans le couloir, la porte de la chambre de ses parents était ouverte et Kathleen poussa un cri d’horreur à l’idée d’être arrivée trop tard. Elle se précipita à l’intérieur pour voir ses deux parents, bel et bien en vie, et visiblement sans aucune blessure. Toute la pression, toute la peur qu’elle s’était mise sur les épaules retomba d’un seul coup. Elle regarda hébétée ses parents et Léa avant de s’effondrer, à genoux sur le sol, tremblante de la peur qu’elle avait eue.

« Papa, Maman… vous n’avez rien… vous allez bien… »

Son soulagement se traduisit aussitôt par des larmes qui s’écoulèrent sur ses joues. Elle porta une main à son visage, qui le couvrit et elle laissa aussitôt ressortir toute sa peur.

Personnages joués : Roi Eric et Reine Ariel

Le roi et la reine observèrent Lancel sortir de la pièce avec une certaine inquiétude. Tous deux avaient beaucoup d’amitié pour Lancel et ils craignaient que son départ ne fût pour un destin bien funeste. Néanmoins, ils ne pouvaient décemment le retenir alors qu’il voulait partir pour sauver une vie précieuse. Eric alla chercher son épée qu’il rangea dans son fourreau et replaça auprès de son lit. Ce faisant, il entendit les propos de Léa et songea qu’elle ne devait plus être elle-même pour penser qu’ils n’avaient pas compris tout cela. Il allait répondre quand il remarqua que son épouse s’était levée.

Ariel ne croyait pas une seule seconde que Lancel était un traître, pas plus que son époux. Et pour elle également, les propos de Léa dénotaient une certaine difficulté chez elle à appréhender l’ensemble de la situation. Ariel se doutait que la trahison d’Emilie, la meilleure amie de Léa, dont elle avait entendu parler par Matthieu, était la cause de sa confusion présente. Elle avait bien essayé d’en parler avec sa petite Léa, mais celle-ci s’était aussitôt refermée. Elle avait donc décidé de lui laisser du temps. Voyant la détresse de son enfant, elle s’avança, s’assit près de la fillette et l’entoura de son bras maternel.

« Ma chérie, nous le savons bien. » Elle tourna sa tête vers la petite fille et lui adressa un grand sourire. « Ton oncle et moi savons parfaitement que Lancel n’est pas venu volontairement ici nous blesser. C’est évident. Mais ce n’est pas ça qui t’embête le plus n’est-ce pas ? » Non, ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Léa en ce moment et Ariel décida d’aborder le sujet le plus légèrement possible. « Ma chérie, tu sais que si tu en as besoin, je suis là, n’est-ce pas ? Nous sommes là, tous les deux et tu n’es pas obligée de toujours être forte. Tu as le droit de craquer, quand tu es en sécurité. Avec nous par exemple. »

Peu après le départ de Lancel, ce fut au tour de Kathleen d’arriver, complètement paniquée. Tout le monde leva aussitôt la tête, mais quand Kathleen les vit, bien en vie et en bonne santé, elle ne put que s’écrouler devant eux. Ariel, qui tenait toujours Léa près d’elle, échangea un regard avec son époux qui s’approcha de sa fille, la releva et vint l’asseoir de l’autre côté de Léa, avant de s’asseoir lui-même, de l’enlacer d’un bras et de lui tendre un mouchoir de l’autre.

« Nous allons tous bien. Grâce à Léa, rassure-toi. »

Les quelques mots d'Ariel, combiné à son bras sur les épaules de la jeune fille furent tout ce qu'il fallait à Léa pour craquer. S'accrochant à Ariel comme à une bouée de sauvetage, la Jedi éclata en sanglots. Pendant ce qui lui sembla des heures, Léa pleura. Elle pleura son amie Emilie disparue Dieu seul sait où avec Alina, après lui avoir dit les pires horreurs pour lui ôter tout espoir d'amitié future. Elle pleura le stress des enquêtes en solo alors que Matthieu se remettait de ses blessures. Elle pleura pour Lancel et sa trahison forcée qui lui rappelait trop celle d'Emilie.

La peur qu'elle venait d'avoir de perdre ceux qu'elle considérait comme ses parents adoptifs (ce qu'elle n'avouerait jamais même sous la torture) vint faire écho à la douleur de la perte de ses parents biologiques déclenchant une nouvelle vague de sanglots chez la petite qui n'avait jamais vraiment fait le deuil de cette perte, trop jeune à l'époque pour tout comprendre. Peu à peu les sanglots se calmèrent et Léa relâcha son etreinte sur Ariel suffisamment pour essuyer quelque peu ses larmes. Puis elle commença à parler dans un murmure, la voix un peu tremblante.

« Je ne comprends pas pourquoi Emilie a agit comme ça. Elle n'avait pas l'air d'être forcée de faire ça. Mais pourtant c'est l'une des plus farouche défenseuse de l'Ordre que je connaisses. C'est pour ça que je suis persuadée qu'elle n'a pas vraiment trahit mais que c'est une ruse. Et pourtant elle n'a reculé devant aucune bassesse pour briser notre amitié. Elle m'a dit des choses que je n'aurai jamais cru d'elle. Et je maudit cette espèce de folle d'Alina de l'avoir entraînée dans cette histoire. Celle là si je la recroise un jour... »

Kathleen s’était complètement effondrée à son arrivée et elle n’avait pas vu que sa mère était occupée à consoler Léa qui pleurait toutes les larmes de son corps, trop occupée elle-même à pleurer également. Mais lorsque son père vint la consoler, elle se sentit tout de suite rassérénée. On pouvait avoir onze ans ou plus de vingt, c’était toujours pareil quand il s’agissait des bras de ses parents, on s’y sentait toujours bien et réconforté. Elle laissa donc son père la conduire auprès de sa mère et de Léa.

Kathleen prit le mouchoir que son père lui tendait et s’essuya les yeux. Elle aurait bien remercié la petite puce qu’était sa sœur chérie d’avoir secouru leurs parents. Mais Léa ne semblait pas en état d’entendre les moindres remerciements. Elle pleurait simplement sans discontinuer. Ce ne fut que lorsqu’elle eut évacué une bonne partie de son chagrin que Léa se mit à parler et Kathleen, pleinement calmée à présent, l’écouta, percevant l’horreur qu’elle avait dû vivre. Elle posa alors sa main sur le bras de la fillette en guise de soutien, laissant sa maman lui répondre.

Persos joués : Roi Eric, Reine Ariel

Les paroles d’Ariel eurent plus que l’effet escompté sur la petite Léa qui fondit aussitôt en larmes dans les bras de sa mère adoptive. Celle-ci la cajola comme quand elle n’avait que quatre ans et qu’elle venait de perdre ses parents. Elle avait pleuré, même si elle ne s’était pas complètement rendue compte de tout. Et ces nuits de cauchemars qu’elle avait passées à son chevet, Ariel ne les oublierait jamais. Pour elle, Léa était son bébé. Et elle le resterait toujours, ça elle le savait.

Pendant ce temps, Eric venait d’amener Kathleen près d’eux et lui expliquait grossièrement ce qui s’était passé. Ariel vit la lueur dans les yeux de Kathleen, de la reconnaissance envers sa petite sœur, mais aussi de l’inquiétude pour elle. Elle échangea un regard avec son aînée, éloquent, mais sans fioritures, il n’y en avait pas besoin pour qu’elles se comprennent. Léa était en difficulté et Eric et Kath la laisseraient gérer, ce qui n’était pas plus mal en fait. Il valait mieux qu’un d’eux parle pour tous.

Ariel écouta attentivement Léa et toutes les questions qu’elle se posait sur son amie Emilie. Et tout semblait contradictoire dans ses propos, confus dans son esprit. Ariel comprit aussitôt que la détresse de la fillette venait surtout du fait que sa meilleure amie n’avait pas hésité à la blesser. D’ailleurs, Ariel ne put s’empêcher d’avoir un ressentiment immédiat vis-à-vis d’Emilie, qu’elle calma aussitôt. Elle tenta alors de faire réfléchir Léa de façon plus positive, plus constructive.

« Eh bien, ma chérie, peut-être est-ce simplement que tu n’as pas envisagé le problème dans son ensemble. Si Emilie ne t’avais pas blessée, si elle n’avait pas cherché à atteindre ton cœur, qu’aurais-tu fait une fois qu’elle serait partie ? Et si ce n’est pas assez significatif, alors tu peux aussi te demander ce qu’Emilie pensait que tu ferais. »

« Tu penses que je n'y ai pas réfléchi? Je sais très bien que si elle n'avait pas fait ça je l'aurai poursuivie immédiatement. Et si je n'avais pas promis à Matthieu de ne rien en faire, je serai déjà partie la chercher par la peau des fesses. Après avoir botté celles de son maître Jedi... Non mais a-t-on idée d'emmener une padawan de 11 ans en pleine Contrée Obscure, chez les Siths en plus. En fait je m'inquiète beaucoup pour elle. Est-ce que je la reverrait un jour? Et dans quel état? Et si elle passait du Côté Obscur? Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur tu comprends? »

Sur ces mots les larmes de la jeune fille se remirent à couler, et elle se remit à pleurer doucement, sans mot dire. Trop de tristesse, trop d'émotions la submergeaient, sans que Léa puisse rien y faire. Et elle n'était plus en état de méditer pour remettre de l'ordre dans ses pensées. En même temps elle n'avait que 11 ans, ce n'est pas comme si on pouvait exiger d'elle qu'elle se comporte comme un chevalier. La petite se laissa donc aller à ses larmes, trouvant du réconfort dans les bras de la Princesse Ariel, et dans l'attention que lui portait Eric et Kath.

Kathleen était particulièrement triste pour sa petite sœur. Bien entendu, il était déjà triste d’avoir pensé que sa meilleure amie avait pu la trahir, mais savoir qu’elle se trouvait en difficulté dans une situation compliquée et ne rien pouvoir faire, voilà qui était plus cruel encore. La pauvre petite Léa était complètement perdue et ne savait de toute évidence plus où elle en était. Mais Kathleen savait qu’il ne servait à rien d’intervenir. Ariel avait parfaitement la situation en main.

D’ailleurs, Kathleen elle-même n’était pas complètement remise de la peur qu’elle avait eue. Penser que ses parents auraient pu mourir par la faute de cette femme qui avait pris l’habitude de manipuler Lancel lui était intolérable. Quant au fait que ladite femme avait enlevé et séquestré une femme qui était maintenant de son royaume, cela la rendait totalement furieuse. Elle allait bientôt voir de quel bois elle se chauffait et si elle ne pouvait personnellement aller chercher Elora, ses troupes iraient sans elle.

Persos joués : Roi Eric, Reine Ariel

Ariel se mordit les lèvres et échangea un regard avec son époux et sa fille. Elle sut immédiatement que tous deux pensaient comme elle, ils n’avaient pas encore pensé au fait que si Emilie était allée dans une mission trop rude pour elle et qui se situait au sein des Siths, elle risquait de finir par tourner du mauvais côté de la Force à force d’agir dans un sens qui ne serait pas sur le chemin qu’elle suivait habituellement. C’était probablement là le plus grand danger.

Mais Léa s’était remise à pleurer et avant de faire le point avec elle, il était plus urgent de la laisser se calmer d’abord. Ariel garda son étreinte bien attentive et tendit un mouchoir qu’Eric lui passa à la petite fille. Puis, elle répondit à ses craintes, sans pour autant, malheureusement, pouvoir la rassurer.

« Aucun d’entre nous ne voudrait que cela arrive. T’es-tu ouverte sur ces questions à ton frère ? Je gage que s’il soupçonne qu’Emilie pourrait réellement mal tourner sans qu’elle ne le veuille, il interviendrait. Tu ne crois pas ? »

Toutefois, elle tourna la tête vers Kathleen, songeant que la petite Léa était peut-être trop perturbée pour aborder avec sérénité la question de la padawan avec le jeune Jedi. Sa fille serait peut-être plus à même de répondre à ce sujet.

« Peut-être pourrais-tu en discuter avec lui, Kathy, et voir ce qui en est de ses réflexions à ce sujet ! »