Le meilleur ami de Kathleen [PV Matthieu Emrys]

Matthieu était un peu déprimé malgré le chaud soleil et la brise légère qui envahissaient la plage. Il était venu marcher dans l’espoir de se remonter le moral, mais pour le moment, il n’y était pas parvenu. Il ne pouvait se cacher qu’il avait presque espéré trouver Kath en train de profiter de l’océan comme elle le faisait régulièrement afin de pouvoir parler avec elle. Elle était toujours de si bon conseil. Et elle avait une façon bien à elle d’arranger les choses pour que tout fût au mieux.

Par exemple, quand elle avait appris que Matthieu souhaitait de tout son cœur pouvoir quitter sa famille, des mages noirs, à la fin de sa scolarité à Poudlard, et adopter sa sœur qui avait les mêmes convictions que lui, Kathleen lui avait offert des terres en son royaume et un poste au sein de sa garde personnelle au grade de capitaine, ce qui lui assurait un revenu régulier pour assurer la subsistance de sa sœur et de lui-même. Elle l’avait sauvé de la vie de misère qu’il aurait été obligé d’avoir s’il avait dû quitter sa famille sans refuge. Et comment aurait-il pu sauver sa sœur de leurs griffes dans de pareilles circonstances.

Pourtant, certains jours, Matthieu souffrait d’un certain manque. Ses parents et son frère, même s’ils ne pensaient pas comme lui, lui étaient, malgré tout, très chers. Et depuis qu’il avait renié à jamais leurs idéaux, ils avaient refusé de le revoir, jugeant que s’il tenait à partir, il devait couper les ponts avec eux, sinon, autant rester et vivre comme ils le souhaitaient. Mais la vie de famille avait toujours été précieuse à Matt et elle lui manquait terriblement. Pauline, présente seulement pendant les vacances, ne pouvait à elle seule combler ce manque et Matt continuait de souffrir.

S’asseyant soudain sur la plage pour essayer de se détendre un peu, Matthieu contempla l’étendue océanique devant lui. Il savait que non loin de là, à quelques kilomètres sous la surface, se trouvait le splendide royaume d’Atlantica. Kathleen avait promis de l’y emmener un jour. Ce ne serait pas très difficile avec un sortilège de Têtenbulle. il pourrait peut-être même parler avec le grand-père de la jeune sorcière. Il ignorait comment on était avec un sortilège de Têtenbulle. Il commençait à se sentir un peu rasséréné par les embruns océaniques quand un léger bruit de pas lui tourner la tête. Quelqu’un arrivait.

Matthieu profitait d'une période de répit entre son enquête au sujet de l'Ombre, l'entraînement de Léa et ses autres responsabilités. Il était revenu se reposer dans son royaume natal, au château du Prince Éric et de la Princesse Ariel où le jeune Jedi et sa sœur avaient leurs quartiers depuis la mort tragique de leurs parents.

Matthieu avait avec réticence laissé une Léa bougonne sur le satellite des Jedis afin qu'elle suive quelques cours avec des maîtres plus spécialisés que lui même ne l'était. Et puis cela permettrai à la fillette de rester avec des enfants de son âge pour une fois. Le Jedi savait que Kathleen s'inquiétait du fait que Léa passe si peu de temps au contact d'enfants de son âge, même si son amie n'en avait jamais ouvertement parlé. Cela n'empêchait pas le jeune homme de détester ne pas avoir sa sœur auprès de lui, elle était sa seule famille et il s'était juré de la protéger.

Consciencieux et connaissant l'importance de l'entraînement, Matthieu décida d'aller faire une petite course d'obstacle en forêt avant de finir sur la plage pour travailler ses katas de sabre-laser. C'est donc muni d'un sabre d'entraînement en bois accroché dans le dos que le jeune homme s'en fut.

Il s'engagea dans la forêt en courant à un rythme moyen et régulier. Après quelques centaines de mètre il bondit en s'aidant de la Force et atterrit sur une grosse branche à dix mètres du sol. Prenant son élan et puisant dans la Force, Matthieu poursuivit sa course en passant de branche en branche, accélérant doucement. Une branche céda soudain sous son poids, forçant le jeune Jedi à exécuter plusieurs acrobaties pour se rétablir, avant de retomber au sol gracieusement. Matthieu se mit alors à sprinter, usant de la Force pour accélérer ses mouvements à un niveau presque surhumain. Après cet effort, il diminua graduellement sa vitesse jusqu'à marcher pour reprendre son souffle.

Les pas du jeune homme l'amenèrent bientôt à la plage. Peu avant de sortir de sous les frondaisons, ses sens de Jedi l'avertirent d'une présence humaine connue mais non hostile. Il en émanait même une certaine mélancolie. Sans chercher à masque sa présence Matthieu sortit du bois et foula le sable de la plage, pour tomber presque nez-à-nez avec le Comte Matthieu de Kentburry, capitaine de la garde de Kathleen. Le Jedi s'approcha doucement et inclina légèrement le buste en guise de salut. Il s'adressa au jeune sorcier d'un ton formel avec un petit sourire en coin indiquant son intention de taquiner son ami.

« Monsieur le Comte, voilà une agréable surprise. Je ne m'attendais pas à vous trouver ici. Etes-vous également venu chercher un peu de paix en cet endroit reculé de notre beau royaume. »

Matthieu aperçut au loin une personne qui s’avançait vers lui et se leva pour l’accueillir comme il se devait. Comte du royaume, il était bien obligé de se comporter adéquatement. En général, on pensait qu’un comte n’avait pas à montrer le moindre intérêt quand il s’agissait d’un manant, mais ici tout était différent. Kathleen lui avait bien expliqué ses devoirs, quand elle lui avait offert ses terres. Le peuple avait besoin qu’on lui montre de l’intérêt et c’était de son devoir de le faire. Mais ça ne posait pas de problèmes à Matt.

Mais la personne qui s’approcha de lui et qui lui adressa la parole n’avait rien d’un villageois. Il s’agissait du meilleur ami de Kathleen, le Jedi Matthieu Emrys. Matthieu ne l’avait guère vu depuis qu’il était arrivé ici. Ils s’étaient entrevus à certaines soirées données au château d’Ariel, non seulement pour les nobles, mais aussi pour les amis. C’est ainsi que Kathleen justifiait la présence de Matt aux fêtes, pas lui, mais l’autre. Parce qu’il n’était pas de la noblesse. Mais puisque le roi et la reine l’avaient adopté, ainsi que sa sœur, Matt estimait qu’il avait droit aux privilèges d’un prince.

Quand Matthieu lui adressa la parole, le jeune comte de Kentburry sourit, un peu gêné. Il avait toujours du mal à se conduire vis-à-vis de Matthieu Emrys. Lorsqu’ils étaient jeunes, ils s’étaient tutoyés et appelés par leurs prénoms et cela leur arrivait encore régulièrement quand ils n’étaient pas aux réceptions officielles. D’ailleurs, le ton du jeune Jedi montrait qu’il prenait avec un peu d’humour ce vouvoiement. Matthieu décida donc d’adopter le même ton mi-respectueux, mi-moqueur afin de ne pas prendre de risques.

« Je venais pour méditer au calme, en fait. Mais et vous-même, mon ami, que faîtes-vous donc ici tout seul. Et où est votre fidèle padawan ? J’ai ouï dire qu’on ne vous voyait jamais sans ce petit bout de demoiselle futée et bourrée de caractère. »

Matthieu avait observé en approchant le jeune Comte se lever à son approche, probablement pour le saluer ainsi qu'il convenait à un noble de le faire à l'approche de l'un de ses sujets. Dans la plupart des autres royaumes, un noble ne se serait pas soucié d'un simple roturier, mais pas ici. Pas que ça gêne le jeune Jedi voyez-vous, il se faisait toujours un plaisir de dégonfler les chevilles des nobles un peu trop hautain.

L'aura de Matthieu se teinta de gêne au moment où son homonyme lui adressa la parole. Il est vrai que les deux ne s'étaient pas parlé depuis leur adolescence, mais ça ne voulait pas dire que leur amitié était morte. Le jeune Jedi se promit de remettre les points sur les « i » avec le Comte de Kentburry.

Matthieu écouta avec le sourire la réponse de son ami. Ainsi le jeune noble était venu en cet endroit reculé pour méditer au calme. Et on s'étonnait que les jeunes gens s'entendent si bien, ils avaient les mêmes réactions, et des caractères assez proches pour qu'on puisse les croire jumeaux spirituels. Que Matt s'enquit de Léa toucha un peu le jeune Jedi qui apprécia la description de cette dernière.

« Eh bien le petit bout de demoiselle est resté au satellite des Jedis. Il y a certaines choses que d'autres que moi sauront mieux lui transmettre. Et puis ça lui fera du bien de rester avec des enfants de son âge et de sa condition Jedi.

Pour ma part j'étais simplement venu comme toi profiter du calme de ce lieu pour méditer et m'entraîner au maniement du sabre. »

Le Jedi laissa une courte pause le temps de formuler sa phrase suivante.

« Il me semble qu'il y a quelques années nous nous tutoyions, je ne vois pas pourquoi nous devrions arrêter qu'en penses-tu? Même si cela fait quelques années que nous ne nous sommes pas vu, je n'ai pour ma part jamais cessé de te considérer comme un ami. »

Donc, Léa était restée au satellite des Jedis. Matt se surprit à repenser à la fillette avec affection. Elle lui rappelait sa propre sœur, Pauline, actuellement âgée de quatorze ans, mais qui était aussi impulsive et généreuse que Léa quelques années auparavant. Matthieu écouta son homonyme parler des raisons de sa propre venue sur cette plage isolée et s’avança ensuite en regardant le large. Quelque chose dans cet océan attirait invariablement le jeune homme comme si quelque chose venant de la mer l’appelait.

« Quelquefois, j’envie Kathleen de pouvoir se changer en sirène et plonger au plus profond de ce lac. J’aimerais bien visiter Atlantica. »

Il se tourna vers Matthieu en souriant.

« Mais j’imagine que je pourrais le faire un jour, avec un sortilège de Têtenbulle ou si j’arrive à me procurer un peu de Branchiflore. »

Il s’avança en direction de son interlocuteur qui commençait à lui parler du passé et de leur façon de s’appeler l’un l’autre. Les yeux du jeune homme se mirent à pétiller de malice alors qu’il pensait à son amie qu’il ne pouvait s’empêcher de taquiner continuellement. Et il songea alors à ce qu’elle dirait s’il refusait la proposition que Matt était en train de lui faire. Il lui semblait déjà voir ses yeux remplis de flamme et courroucés parce que les deux garçons se bouderaient. Rien qu’à y penser, cela le fit pensivement sourire.

« Tu as entièrement raison. Par ailleurs, je pense que Kathleen ne nous le pardonnerait pas si nous ne devenions pas les meilleurs amis du monde. »

Matthieu plaisantait, évidemment. Mais il adorait taquiner Kathleen sur l’exagération de ce trait des Poufsouffle chez elle. Elle aurait voulu que tous ses amis soient amis entre eux

Matthieu écouta son homonyme parler de son envie de visiter Atlantica. D'après les description de leur amie commune, la ville devait être magnifique. Matthieu songeait sérieusement à emprunter un respirateur au satellite Jedi afin de plonger dans le royaume sous marin. Mais pour le moment le jeune Jedi avait de plus sérieuses choses à faire. Taquiner le jeune Compte de Kentburry par exemple. Après tout, il y avait quelques rumeurs à propos de la venue d'une jeune sirène transformée temporairement en humaine qui aurait tapé dans l'œil du capitaine des gardes... Le genre d'occasion à ne pas laisser passer évidement.

« Est-ce la ville qui t'intéresse tant très cher? Ou bien une de ses jeunes habitantes qui t'aurait tapé dans l'œil lors de sa visite en ces lieux? J'ai entendu toutes sortes de rumeurs à ce sujet parmi les serviteurs de ton palais en me baladant au marché. Faut-il commencer à écrire des faire-parts? Je veux bien servir de témoin si tu veux. Et je suis certain que Léa sera ravie d'être demoiselle d'honneur. »

Le Jedi avait parlé avec un sourire entendu, espérant réussir à faire rougir son interlocuteur. Après tout c'était un charmeur invétéré, même si la plupart du temps c'était innocent et plein de bonnes intentions. La remarque sur Kathleen tira un petit rire à Matthieu.

« Ah cette chère Kathleen! Si elle n'existait pas déjà il faudrait l'inventer tellement elle nous manquerait. C'est vrai que ce penchant qu'elle a de vouloir que tous ses amis soient aussi amis entre eux est mignon. Et puis à deux pour la taquiner c'est mieux que tout seul. Je ne peux pas compter sur Léa, la plupart du temps elle s'associe à Kathleen. Petite sœur indigne!

Mais dis-moi, en arrivant je t'ai senti bien mélancolique. Tu veux en parler? Ça pourrait te faire du bien. Je ne suis pas Kathleen, mais je ne suis pas trop mal comme oreille attentive. Et de bon conseils paraît-il... »

Matthieu fronça les sourcils et fit une moue amusante quand le jeune Jedi se mit à parler de Feena. Comment la présence de Feena et leur petit tête-à-tête dans son château étaient-ils venus à l’oreille du jeune Jedi ? Mystère ! Peut-être s’agissait-il d’une indiscrétion de Kathleen… Et après ? Il n’avait rien à cacher et surtout pas le fait qu’il trouver la petite sirène plus que mignonne, mais il ne fallait quand-même pas qu’on en apprenne trop sur ses penchants. Après tout, il avait une réputation à tenir.

D’ailleurs, les allusions au mariage l’incitèrent à trouver un biais de réponse au jeune homme. Il valait mieux que tout le monde, Matthieu compris, pense qu’il ne s’intéressait pas à Feena en particulier. Pourquoi le valait-il mieux d’ailleurs ? Ca, il n’aurait pas su l’expliquer. Ca le gênait simplement que quelqu’un mette à jour le fait qu’il n’était pas un quelconque dragueur mais un homme sensible et qui avait du cœur. Kathleen lui avait déjà reproché de vouloir se faire passer pour ce qu’il n’était pas. Mais elle ne comprenait pas. Ca le protégeait.

« Oh, bien entendu, rien ne me ferait plus plaisir que de nager en compagnie de charmantes sirènes. Et puis, c’est bien vrai que c’est pratique les sirènes, pas d’engagement, de toute façon, c’est une relation vouée à être éphémère, ça a ses avantages. » déclara-t-il en ponctuant son discours d’un clin d’œil. « La petite Feena est bien mignonne, évidemment, mais ce n’est pas demain la veille que je me laisserai passer la corde au cou. Crois-moi, Matthieu, il y a trop de jolies mignonnes pour s’en tenir à une seule. Disons que je n’en drague qu’une… à la fois. »

Un beau spectacle, songea-t-il. Bien entendu, il aimait beaucoup joujouter avec les filles, mais il ne s’épanouissait pas vraiment dans cette vie délurée. Tout à coup, la vision de Feena dans son château, jouant les maîtresses de maison, l’accueillant avec de délicieuses tartes, ou décorant le château à son gré s’imposa à son esprit. Et il ne put s’empêcher d’y trouver une certaine quiétude. Gêné, il se détourna et contempla la mer pour se redonner une contenance. Il écouta Matt parler de leur amie commune. Il se tourna vers lui, un grand sourire aux lèvres.

« J’ai exactement le même souci avec Pauline. Tu as trouvé une solution pour convaincre Léa de t’aider ? Je pourrais peut-être m’en servir. »

Mais aussitôt, Matthieu évoqua la mélancolie du jeune sorcier qui détourna de nouveau le regard. Bien entendu, il n’était pas vexé que le jeune homme ait compris la vérité, c’était un garçon sûr, mais il avait son orgueil et il lui était difficile d’admettre qu’il avait besoin de soutien.

« Ce n’est rien d’important. Je suis surtout un petit ingrat qui n’est jamais content de ce qu’il a. »

Il se tourna vers Matthieu et s’efforça de sourire, mais le sourire ressemblait plutôt à un rictus ou à une grimace.

« J’ai eu tout ce que j’ai voulu. Kathleen a tout fait pour moi. Et je ne me sens pas encore satisfait. Tu vois… »

Avant même que son interlocuteur ait terminé sa première phrase, le jeune Jedi sentit l'incertitude de celui-ci. Le jeune noble ne croyait pas un mot de ce qu'il disait. Et Matthieu connaissait suffisamment son homonyme pour savoir que son visage affiché de grand dragueur n'était qu'un masque destiné à protéger le grand sensible qu'était réellement le jeune sorcier. Le Jedi était cependant déçu que Matthieu ne lui semble pas lui faire assez confiance pour s'autoriser à être lui même quand ils étaient seuls à seuls. Le jeune Jedi choisit de ne pas relever immédiatement la réponse de son homonyme. Il le laissa continuer de s'exprimer, attentif aux variations de langage corporel de son interlocuteur ainsi qu'aux variation de son humeur.

Étonnant comme le simple fait de mentionner sa sœur peut illuminer son visage et son humeur. Il aime vraiment énormément Pauline, ça se sent. Mais vraiment, pourquoi cacher sa vraie nature ? Nous sommes entre nous, personne à moins d'un kilomètre, il pourrait faire un effort. On le sent vraiment sur la défensive, je devrait faire un effort pour le faire se confier, ça lui fera du bien je pense.

« Non, je n'ai pas vraiment trouvé de solution. Léa ne fait pas vraiment de distinction, elle taquine la personne qui l'arrange le plus sur le moment, et peux se retourner contre l'autree en un instant. Par contre elle ne supporte pas que l'on fasse équipe contre elle. »

Brusquement l'humeur du jeune noble changea à l'évocation de ses pensées moroses à l'arrivée du Jedi. Bien que sachant, et sentant, que son interlocuteur n'était pas vexé, Matthieu s'inquiéta de cette brusque saute d'humeur. Décidé à aller au fond des choses, le jeune Jedi créa à l'aide de la Force une bulle d'illusion optique et sonore. Afin de matérialiser l'existence de cette bulle, il fit un geste circulaire du bras, s'attirant un regard interrogateur de Matthieu. Le jeune Jedi s'assit dans le sable, invitant d'un geste son interlocuteur à faire de même, avant de prendre la parole.

« J'ai créé autour de nous une bulle d'illusion. Personne ne verra ni n'entendra correctement ce qui se dira ici. Toute personne extérieure assistera à un duel d'entraînement entre nous.

Maintenant, je ne peux pas prétendre savoir ce que tu ressens, mais connaissant ton histoire personnelle, j'ai mon idée sur ce qui te tracasses. Ta famille te manque. Malgré vos différents, tu aimerais les revoir, leur absence te ronge et t'empêche d'avancer. Je ne te dis pas d'oublier ton passé ou ta famille, mais tu devrais aller de l'avant. Ta famille reviendra vers toi le moment venu, mais ne t'arrêtes pas de vivre en les attendant, tu ne te rends pas service.

Et puis, si je peux me permettre, cette façade de dragueur ne te va pas du tout. Au risque de sonner comme Kathleen, en faisant ça, tu essayes de te faire passer pour ce que tu n'es pas. Au fond de toi tu n'as rien d'un coureur de jupon. Une telle réputation risque même d'être un poids dans le futur, débarrasses-t'en tant que tu le peux encore. Mon intuition me dit que tu es à un tournant majeur de ta vie. Si tu laisses tes sentiments, tes vrais sentiments, s'exprimer, tu y gagneras bien plus que tu ne le crois. Après tout, qu'est-ce que tu risques? Et qu'as-tu à y gagner? »

Sur ces sages paroles, Matthieu se tut, laissant au jeune noble le temps de réfléchir à ses propos. Le jeune Jedi était conscient d'y être allé assez fort, mais son intuition le poussait dans cette direction, et jamais elle ne l'avait trompé auparavant.

Matthieu hocha la tête en entendant son homonyme parler de sa sœur Léa. Pauline n’était pas aussi malicieuse que la petite Jedi et quelque fois, on avait du mal à croire que l’une était l’élève de l’autre. Néanmoins, Matthieu semblait le prendre avec philosophie, ce qui amusa le jeune sorcier et lui arracha un sourire. l’affection que se portaient le frère et la sœur étaient touchante et, par ailleurs, ils avaient la chance de pouvoir être toujours ensemble. Vraiment, ils avaient beaucoup de chance.

« Et je suppose que, du coup, toi et Kathleen, n’hésitez pas une seconde, n’est-ce pas ? »

Le sourire de Matthieu s’effaça aussitôt que le jedi eut créé une bulle autour d’eux pour dissimuler leur conversation. Il n’aimait pas qu’on s’immisce ainsi dans l’aspect privé de ses pensées et de ses sentiments, mais il ne pouvait pas en vouloir au jedi de vouloir l’aider. Et bien qu’il eût espéré pouvoir minimiser ses doutes et ses inquiétudes, il ne pouvait lui en vouloir d’avoir compris tout cela. D’ailleurs, il avait la conviction que Matthieu n’avait jamais usé de son pouvoir de Jedi sur lui et que c’était par sa nature humaine et compatissante qu’il avait deviné tout cela. Il était tout-de-même gêné d’être ainsi mis à nu et il détourna les yeux.

« Tu te trompes, il ne s’agit pas d’un numéro, en fait c’est juste… »

…juste une façon de faire plus ou moins naturelle quelques dix ans auparavant qui lui permettait de ne pas s’engager dans une relation compliquée qui pourrait un jour mal se terminer. Mais le jeune homme supposa immédiatement que son interlocuteur le savait déjà.

« Je crois que la solitude ne me va pas, » s’écria-t-il alors avec un léger sourire d’excuse à destination de Matt.

Entendre son homonyme nier que son attitude de dragueur invétéré n'était qu'une comédie arracha un petit reniflement de rire à Matthieu. Le sorcier essayait de se convaincre lui même qu'il était comme ça, s'en était presque drôle si ce n'étais pas aussi pathétique. Mais la phrase qui marqua le plus le jedi fut la dernière de Matthieu.

« Bien évidemment que la solitude ne te vas pas. L'être humain n'est pas fait pour la solitude. Mais ce n'est pas en accumulant les histoires d'un soir que tu te sentira moins seul, au contraire car ces coups d'un soir ne veulent que s'amuser. Cette solitude qui habite ton coeur, tu ne la combleras que si tu trouves ton âme soeur en quelque sorte, la personne qui te fera te sentir complet.

Tu connais un peu mes pouvoirs, mon intuition est très forte et rarement fausse. La personne que tu cherches est bien plus proche que tu ne le crois, mais tant que tu n'es pas prêt à abandonner ton masque de Don Juan et la bande de petite dindes gloussantes qui sont constamment pendues à ton bras, cette personne qui n'attend que de pouvoir remplir ta vie sera aussi loin de toi que si elle se trouvait au bout du monde. »

Ce Jedi était décidément trop futé pour être lâché dans le monde normal au milieu des gens normaux. Comment réussir à jouer un rôle et à protéger sa carapace avec un tel détecteur de mensonges dans la nature ? Néanmoins, Matt ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait raison, il avait raison sur toute la ligne. En fait, il comprenait mieux pourquoi Kathleen tenait tant à l’avoir près d’elle, quelqu’un qui la remettrait dans le droit chemin chaque fois qu’elle s’en détournerait.

« Je le sais, crois-moi. Seulement je suis… eh bien disons que je ne suis pas vraiment le genre de garçon qu’on croit, séducteur, ravageur, et qui déborde de confiance en lui. Ce serait plutôt le contraire. Mais je crois que je n’ai plus qu’une chose à faire. C’est de suivre tes conseils mon vieux. Mais tu sais que tu es un petit peu agaçant ? »

Il ponctua sa remarque d’un sourire entendu avant de songer qu’il était temps pour lui de rejoindre son chez-lui car il avait encore beaucoup de choses à faire et il n’était pas prêt de pouvoir se coucher, d’ailleurs. Il tendit la main à Matt.

« Merci pour tout. Je n’ai pas de mal à comprendre ce qui te rend si proche de Kath. Salue-la pour moi d’accord ? Et puis, il faudra qu’on rediscute à l’occasion. Ca pourrait être intéressant. »

Matthieu ressentit le subtil changement émotionnel qui s'opérait chez le jeune comte. Le sorcier prenait peu à peu conscience du poids que son rôle avait sur ses épaules, et envisageait de s'en débarrasser. Ce ne serait pas chose aisée, il rechuterai de temps à autres, mais avec ses amis autour de lui et son âme soeur à son bras, il finirait par dévoiler son véritable lui. Le Jedi se ferait même une joie de rabattre le caquet de Matthieu si celui-ci venait à retomber dans ses anciens travers.

La remarque de son interlocuteur quant au fait qu'il était agaçant fit sourire Matthieu de ce petit sourire en coin si ... agaçant. C'est ce que le jeune Jedi appréciait le plus dans ses pouvoirs: utiliser cette capacité à détecter les mensonges et dissimulations pour voir à travers les masques de ses interlocuteur pour mieux les destabiliser... ou les aider à s'assumer tels qu'ils sont en l'occurence. Mais que voulez vous, il fallait bien trouver un bon côté à ce pouvoir qui avait tendance à vous rendre fou vu le nombre de mensonges qu'un Jedi pouvait entendre en une journée.

« Crois moi, je suis bien conscient d'être le plus agaçant des garçons, Kathleen, Léa et bien d'autres me le répètent assez souvent. Mais après tout c'est aussi pour ça que l'on m'aime, n'est-ce pas? »

Puis, avec un sourire franc, Matthieu saisit la main tendue de son homonyme, et serra fermement mais avec douceur.

« Je serai ravi de te revoir mon cher ami. N'hésites pas à passer au château, c'est là que je réside lorsque je ne suis ni en mission ni sur le satellite. »

Matthieu sourit franchement aux propos du Jedi. Il se sentait plus en harmonie actuellement qu’au début de la conversation alors que paradoxalement, il avait été mis à nu et stressé par le comportement envahissant de l’ami de Kathleen. Mais il savait que le jeune homme n’agissait que pour son bien et ne se voyait pas en train de repousser cette main tendue. Kathleen ne lui aurait de toute façon pas pardonné de le faire. C’était quelqu’un de très sévère en ce qui concernait les autres, surtout ses proches, quand ils ne se comportaient pas comme il le fallait.

Matthieu serra sa main et le jeune sorcier hocha la tête devant l’invitation du jedi. Le château, il y allait souvent. C’était là qu’il y avait la caserne et il faisait partie de la Garde Privée de Kathleen, c’était logique qu’il aille s’y entraîner avec Lancel. Matt eut une fugitive pensée pour le soldat qui avait subi tant de difficultés ces derniers temps. Il méritait bien un peu de bonheur avec Elora et Janei. Souriant à Matt, il le salua pour lui dire au revoir avant de s’en retourner vers sa maison.

=> Une journée de bonheur