Pique-nique en forêt

Quelques jours avaient passé depuis l’arrivée de Camille qui avait, la veille, été se promener avec Dewan. Kathleen savait bien que la promenade n’avait pas forcément été des plus faciles pour la fillette qui commençait tout juste à se familiariser avec eux. Et quelque part, elle avait toujours la crainte de ses parents, qui étaient pourtant partis très loin. Mais Kathleen n’en avait pas encore informé l’enfant. Elle avait l’intention de profiter d’une promenade et d’un pique-nique en pleine nature pour lui en parler.

Ce matin là, elle avait donc habillé la fillette d’une petite robe de promenade et elle était jolie comme un cœur.

« Parfait, on m’a apporté le panier de pique-nique, donc tout est prêt. Et toi, tu es prête, Camille ? »

Kathleen ne voulait surtout pas brusquer l’enfant. Elle lui avait donc patiemment expliqué qu’elles partaient en promenade toutes les deux et qu’elles allaient passé une jolie journée à se promener. Elle espérait juste que tout se passerait bien, surtout ce qu’elle lui apprendrait.

Pan... Pan... Pan...

J’ouvre les yeux ... et je me cache dans le fond des couvertures! J’ai peur!!! Je regarde a travers la couverture et j’entend les pieds des gens plus prés de ma chambre... Je veux pas ... J’ai peur!!! Alors la porte elle s’ouvre et je vois dehors il fait jour! oO

Ben mince alors! Le gros dodo de la nuit est finit?! C’est la première fois ici que je dors tout le dodo sans me réveiller avec la peur dans le noir! Bon hier j’étais super méga trop fatigué aussi! Normal!

Hier j’avais promener avec milie quand même! C’est un peu fatiguant de promener avec son cheval! Et puis il y avait ces deux monsieur aussi! Ils m’ont fait un peu beaucoup peur! Surtout au début! Mais c’est un des monsieur qui m’a donner Milie! Il m’a même promit que Milie aurait un bébé un jour! Et puis bon j’avais Sophie pour me protéger! Et en plus le monsieur c’est un ami a la princesse.

Bon du coup la promenade elle s’est bien passer! On a put promener et même qu’on est passer près de ma maison! Mais le monsieur il a pas voulut on aille là bas. Il voulait pas que papa et maman me voient. Moi j’aurais un peu voulut parce que ils me manquent un peu mais j’avais aussi trop peur ils soient en colère alors j’étais contente!

Le soir la princesse elle avait demandé un bon repas mais j’étais toute fatigué et je me suis endormis dans mon assiette. J’ai crus qu’elle serait fâché mais elle a rigolé et elle m’a mis dans le lit. Elle m’a dit que aujourd’hui j’aurais une surprise.

C’est une madame qui a ouvert la porte de ma chambre. Elle viens avec le petit déjeuné et alors je me souviens j’ai faim! Je regarde Sophie qui dort avec moi. Elle aussi a faim! Je sort la tête de sous les couverture et je vois le chocolat chaud! miam!!!!!

Après le petit déjeuné la princesse est venue me voir pour m’expliqué qu’on ferait une promenade. Hum... Je la regarde et j’aimerais savoir si on sera que les deux! J’ai pas trop plusse peur d’elle mais il y a toujours plein de monde avec elle. Et eux ils me font plusse beaucoup peur. Elle me dit qu’on sera que les deux et je suis contente. Après elle me met une robe et elle me dit qu’elle va chercher le panier pique nique.

Moi je profite de ce temps pour habiller Sophie. Hier en attendant le monsieur j’avais trouver des habits pour elle dans la chambre et la princesse avait dit que je pouvais les utiliser. Alors aujourd’hui elle allait se faire belle elle aussi! Je lui met une robe plusse belle que toutes les autres! Puis la princesse revint me demander si j’étais prete.

-Euh... Je crois...

Ma voix elle est toujours toute petite quand je parle.

-On part par où?

Je serrais sophie très fort contre moi. J’avais encore un peu peur de ce qui allait m’arriver...

La petite était trop mignonne quand la princesse lui demanda si elle était prête. Elle était encore toute timide, mais tellement jolie dans sa belle tenue. Kathleen vit qu’elle avait coiffé et habillé la petite poupée et elle se rappela ses propres pique-niques avec ses parents, Matt et Léa quand elle était petite et qu’elle emmenait sa poupée partout. Matt, d’ailleurs, ne manquait pas de se moquer d’elle et elle de lui tirer la langue, ce vilain garçon. La princesse s’approcha avec beaucoup de douceur de l’enfant et s’accroupit devant elle avant de lui sourire.

« Tu es toute jolie, Camille, cette robe te va bien ! »

L’enfant semblait encore à la fois toute intimidée et peu convaincue d’être à sa place. Mais elle commençait à faire un peu plus confiance à la princesse et cela n’avait pas de prix pour la concernée. Il était temps que Camille sache que désormais, elle ne serait plus une enfant martyrisée mais la princesse Camille, la fille légitime de Kathleen. En tant que princesse, Kathleen l’élèverait pour lui succéder, sauf si un de ses futures frères ou sœurs se révélait plus à sa place sur le trône. Au royaume d’Ariel, ce n’était pas forcément l’aîné qui accédait au trône.

« Nous allons faire un pique-nique en forêt. Je voudrais que nous parlions toutes les deux, si tu veux bien. J’ai quelque chose à te demander. »

Kathleen avait parlé d’une voix douce et tranquille pour ne pas inquiéter la fillette. Et puis, c’était une bonne nouvelle qui attendait l’enfant et il ne servait à rien de l’angoisser. Ceci dit, la jeune femme savait bien qu’elle risquait de se poser des questions. Aussi lui caressa-t-elle gentiment la joue.

« Je suis vraiment contente que nous passions une journée, rien que toutes les deux, pas toi, Camille ? »

Je suis jolie moi? non c’est pas vrai! Papa il dit que je suis moche comme lui! moi je trouve pas moche mon papa… Il dit : » tu es aussi moche que ton père! un monstre sans nom! » je comprends pas… papa il dit que je suis un monstre comme lui mais il dit aussi que je suis un monstre à cause de ma lumière mais lui il a pas de lumière… C’est compliqué tout ça!

Je regarde la princesse bizarre. Comment je dois faire quand on me dit un truc gentil? Je dois sourire? Mais si elle se moquait de moi en fait? Je peux pas faire comme si je n’avais pas entendu… Elle répéterait et elle risque de me fâcher…

je réfléchis… puis je dis naturellement la seule chose qui me vient en tête…

- Il faut pas mentir papa il dit… Sinon on est punis … Papa il veut pas que les gens il me mente … sinon il me punit…

Parler de papa des fois ça faisait peur mais c’était mieux aussi. Papa il me manquait … Puis avec lui je savais les règles… Ici pas trop… Elle est gentille la princesse mais elle fait des trucs interdit tout le temps et elle me demande de faire des trucs interdits des fois… C’est bizarre… Comme dans un rêve… Et quand je pense à papa je me rappelle que je suis pas dans un rêve.

Je finis par lui demander où on part… Parce que c’est important de savoir… Comment Sophie pourrait-elle me rassurer si on ne sait pas où on va… Alors elle me dit qu’on va à un pique-nique dans la forêt… pour parler. Euh… parler de quoi? moi je sais pas quoi dire… et me demander? Papa il dit-on demande rien aux petites filles… on doit d’abord demander aux papas…

Quand elle me caresse la joue je fais un gros effort pour pas reculer la joue… Je sais qu’elle veut pas faire mal… Mais des fois je recule sans faire exprès.

-Oui je suis contente… Papa et maman ils ont dit d’accord?

Ben oui quand même… Papa et maman ils sont pas venu me chercher depuis tout ce temps et ils ont pas crié… je trouve bizarre… Peut-être is sont d’accord… j’espère…

Kathleen avait de la peine pour cette enfant qui ne pouvait même pas croire qu’elle était jolie. Elle était pourtant tellement adorable. Mais la jeune princesse ne lui en voulait pas. L’enfant avait grandi avec la conviction qu’elle était laide, qu’elle était un monstre. Il allait falloir beaucoup de patience pour la convaincre qu’elle était vraiment une personne merveilleuse. Kathleen se demandait comment elle allait pouvoir entraîner l’enfant à utiliser ses pouvoirs, mais elle avait l’intuition que Matt pourrait l’aider même si sorcier et jedi n’étaient pas tout à fait la même chose.

« Je ne te mens pas, ma chérie. Tu sais, je suis une très mauvaise menteuse. »

Elle rit innocemment. Mais elle soupira quand l’enfant lui demanda si ses parents étaient d’accord. C’était une enfant bien élevée et ses parents comptaient sûrement beaucoup pour elle, même s’ils la maltraitaient. Il était dur de voir une enfant battue rechercher désespérément l’affection de ses tortionnaires. Mais il allait falloir qu’elle supporte cette épreuve de ne plus les revoir. Ils avaient définitivement été bannis. Maltraiter un enfant était un crime impardonnable au royaume d’Ariel. C’était le genre de chose qui condamnait au bannissement sans espoir de retour.

« On va en parler… »

Elle prit la fillette par la main et la conduisit au carrosse. Elles roulèrent un moment avant d’être déposées à l’orée de la forêt. Kathleen entraîna la fillette dans les bois jusqu’à une ravissante clairière pleine de fleurs. Là, elle lui lâcha la main et la laissa découvrir les lieux. Elle-même alla s’asseoir au pied d’un arbre, observant la fillette et attendant que celle-ci vienne d’elle-même la voir pour qu’elles puissent se parler.

Elle ment pas… moue c’est bizarre mais tout est bizarre ici… Du coup je préfère demander où on va aujourd’hui et si papa et maman sont d’accord... Mais la réponse de la princesse me met mal à l’aise… On va parler de papa et maman ou on va parler à papa et maman… Je ne sais pas quelle idée me plait le plus et quelle idée me plaît le moins … Je reste un peu silencieuse… j’essaie de choisir si c’est bien ou mal… Si on parle de papa et maman alors elle me posera des question et papa ne veut pas que je parle d’eux... Mais on parle à papa et maman… Ils ne vont pas aimer… Et en même temps… Ils me manquent … j’essaie de savoir si c’est bien ou pas et comme je ne sais pas ben… je préfère parler d’autre chose…

-Sophie elle voulait être belle … alors j’ai choisi la plusssss jolie des robes… Mais je sais pas faire de jolis cheveux… mais elle est belle quand même non?

oui Sophie elle est belle et si je m’occupe d’elle peut-être parlera pas de papa et maman ni on ne parlera à papa et maman… Je serrais Sophie dans mes bras… J’aime les câlins avec elle.

La princesse elle prend ma main et on va dans un carrosse… C’est bizarre le carosse… Mais j’aime bien… On voit tout très vite et de très haut ! je trouve ça drôle… je regarde tout le temps par la fenêtre! Je suis un peu contente quand je vois qu’on va loin de la maison de papa et maman mais un peu triste aussi… Alors je regarde encore dehors. Quand on arrive on descend et là je trouve bizarre… Il n’y a rien… Des fleurs oui mais il y a personne pas de table rien… C’est bizarre… La princesse elle va s’assoir par terre et je la regarde en hésitant au début… Pourquoi on se met par terre? oo je regarde autour de moi… Je regarde encore la princesse et je m’avance vers elle… Je dois faire quoi moi? M’assoir ou partir plus loin? Puis je finis par me décider et je m’assoie mais sans la regarder trop au cas pou ce n'est pas ça que je devais faire… Et je pose Sophie assise entre nous deux .

La fillette avait vraiment pris soin de cette petite poupée et Kathleen en était touchée. Elle sentait que l’enfant brûlait de vivre une vie d’enfant comme les autres. Mais même si c’était justement ce qu’elle était prête à lui offrir, elle ne savait pas si la petite accepterait de la vivre avec elle. Cela mettait Kathleen un peu nerveuse, même si elle ne le montrait pas à la petite. Elle sourit en regardant la poupée que l’enfant lui montrait avec tant de joie et cela lui fit plaisir de la voir aussi enthousiaste.

« Sophie est superbe, idéale pour un pique-nique ! » approuve-t-elle.

Dans la forêt, l’enfant ne parut pas voir la clairière et Kathleen comprit qu’elle était sans-doute préoccupée par ce que la jeune princesse avait à lui dire. Aussi, quand Camille vint s’asseoir auprès d’elle, installant la poupée entre elles, Kathleen comprit qu’elle ferait mieux de remettre la dégustation du repas à plus tard et de commencer par expliquer à la petite fille ce qu’elle souhaitait lui dire. Elle réfléchit, pesant les mots afin de ne pas lui faire peur et en même temps, de maîtriser sa propre nervosité. Elle avait peur que l’enfant la rejette après ce qu’elle allait dire.

« Camille, » dit-elle, attendant que l’enfant la regarde pour poursuivre. « Ecoute, ma chérie. Ton papa et ta maman ont fait des choses qui ne sont pas bien, surtout avec toi. On n’a pas le droit de frapper un enfant ou de lui faire croire qu’elle est un monstre. Ce sont des choses méchantes, qui ne sont pas autorisées dans le royaume. Alors, ils ont été punis. Ils ont dû partir ailleurs, loin. Et ils ne reviendront pas. »

Kathleen avait conscience que, malgré ce qu’elle avait subi, ses parents étaient tout ce que la fillette connaissait de la vie et que cet aveu devait la bouleverser. Elle ne savait pas forcément comment appréhender la suite mais elle allait demander une faveur à l’enfant. Et elle était inquiète de savoir si la petite fille allait l’accepter ou la rejeter. Kathleen s’était tellement attachée à elle, et comme elle voulait que la petite fille l’accepte.

« Peut-être que tu es fâchée contre moi, Camille, et je pourrais le comprendre. Mais il faut que tu saches que nous avons décidé ça pour te protéger, parce qu’ils ne se comportaient pas bien avec toi. Et bien-sûr, je comprendrais que tu désires partir ailleurs, si tu es fâchée contre moi, mais tu sais, je t’aime beaucoup et… »

Kathleen ne pouvait plus cacher sa nervosité, à présent. Elle était tellement inquiète de la réaction et de la réponse de la fillette. Toutefois, Camille était très innocente et si Kathleen voulait savoir, elle devait lui demander les choses très clairement, sinon l’enfant ne comprendrait pas ce qu’elle cherchait à lui demander.

« Camille, ma petite Camille, je voudrais te demander quelque chose. Bien entendu, tu as le droit de dire non et je ne serais pas en colère, mais c’est quelque chose dont j’ai envie et j’ai pensé que tu pourrais être d’accord. Voilà, » acheva-t-elle en se jetant à l’eau. « Je voudrais que tu acceptes de devenir ma petite fille à moi, que je sois ta nouvelle maman. Qu’en penses-tu ? »

On est dans une forêt… c’est bien… Mais pourquoi? Je sais pas trop… Un pique-nique je sais un peu ce que c’est… On part manger loin de la maison… Mais j’en ai jamais fait moi… Puis elle a dit qu’on devait parler aussi… je sais pas si on parle d’habitude dans un pique-nique… Je m’assieds alors a coté d’elle mais je mets Sophie au milieu comme ça je ne suis pas tout a coté d’elle… Et Sophie elle me protège! Je trouvais bizarre parce que la princesse elle pensait… Je me demande un peu pourquoi. puis elle se tourne vers moi et elle parle… J’essaie de comprendre… Papa et maman ils ont été méchants? Mais non c’est moi qui suis méchante! et puis on n'a pas le droit de punir un papa et une maman! et comment ça ils vont partir pour plus revenir?! mais non! c’est mon papa et ma maman! je peux pas rester sans eux! je suis une petite fille… Je veux voir ma maman moi!

Et voilà ça recommence… Je peux pas empêcher les larmes de couler… Je veux voir ma maman… Je veux plus avoir suivi la princesse si je peux plus voir maman… Pourquoi?! puis s'il tape c’est parce que je suis pas sage… Je regarde la princesse sans comprendre… Elle m’avait fait croire qu’elle était gentille alors pourquoi elle fait ça?!

- Je veux maman et papa! je veux ils reviennent! ils ne sont pas méchants! c’est moi la Vilaine! je veux qu’ils soient là! je les aime! je veux ils reviennent je veux pas que tu les punisses! tu n'as pas le droit ils sont papas et maman eux! on ne peut pas punir un papa et une maman! je veux qu’ils soient là!

Oui je veux pas les perdre! pourquoi?! je repense à tous les derniers jours… Papa avait raison… Les autres gens ils ne sont pas gentils et je devais par parler d'eux… Et moi je suis un monstre je suis sûr… Je regarde Sophie qui bouge pas... Je la prends dans mes bras… Je suis toute seule maintenant… Pour toujours toute seule… Ce n'est pas juste! par juste du tout! la princesse reparle et je l’écoute parce que veux qu’elle dise qu’elle fera revenir papa et maman. Mais ce n'est pas ça qu’elle dit…Ils veulent me protéger mais moi je veux papa et maman! puis alors elle me pose une question… Et là je la regarde sans savoir si je comprends tout… elle veut être ma maman? Mais non… Ma maman… Elle est partie sans moi… Ma maman elle a disparu sans venir me chercher… Ma maman… ma…

Oh non… où je suis là?! d’abord la lumière et maintenant le noir… Je regarde autour de moi… J’aime pas quand la lumière elle me prend toute seule… Je pensais très fort a mon papa et ma maman… Ils n'ont pas pu partir sans moi … Et enfin je sais ou je suis je reconnais… Je suis dans ma maison… Mais j’ai reconnu de suite car il manque des affaires…

-papa? maman?

je les cherche mais ils ne sont pas là… Je sors en courant et en les appelant mais… le voisin me dit qu’ils sont partis pour plus revenir… Alors j’ai peur très peur… Une fille elle fait quoi sans papa et maman? Et puis pourquoi la princesse elle veut être ma maman? Quand maman va revenir elle va pas aimer que j’aie une autre maman… Parce que même si elle crie souvent comment maman pourrait-elle me laisser pour toujours?! Comment ça serait possible? Non… Je regard Sophie qui m’a suivie et je pleur devant ma maison en la serrant dans mes bras… Je devrais retourner dans la forêt je sais… Je sais le faire en plus… Mais non papa et maman vont bien revenir ce n'est pas possible… j’ai tellement peur là...

Kathleen se doutait que l’annonce du départ des parents de Camille allait faire peur à celle-ci, mais elle ne s’attendait pas à ce que la fillette panique à ce point. Quand elle se mit à crier qu’elle voulait ses parents, qu’ils n’étaient pas méchants, que c’était elle qui était vilaine, Kathleen avança d’un pas vers elle dans l’espoir de la prendre dans ses bras et de la consoler. Mais elle n’en eut pas le temps. Une lumière vive enveloppa la petite fille et un instant plus tard, elle avait complètement disparu. L’enfant paniquée avait activé son pouvoir de téléportation. Kathleen n’avait pas prévu ça.

Non, c’est pas vrai, c’est pas possible ! Mais où a-t-elle pu aller ? Et si elle a rejoint ses parents, ils doivent être à des kilomètres hors du royaume à-présent et ils risquent de lui faire payer leur bannissement ! S’ils la battaient à mort, la pauvre petite ! Comment la localiser et la rejoindre ? Il doit y avoir une solution. Mais bien-sûr !

« Wyatt ! Wyatt ! » appela-t-elle avec précipitation.

Un instant plus tard, un halo lumineux se matérialisa devant elle et son être de lumière la toisa du regard avant de regarder autour de lui, puis de considérer le panier au pied de l’arbre. Il haussa un sourcil.

« Tu m’invites pour un pique-nique ? » demanda-t-il avec perplexité.
« Bien-sûr que non, ne sois pas bête ! »
« Je ne suis pas bête. C’est cool, les pique-niques ! Et tu n’as pas l’air blessée. Donc, qu’est-ce que je fais là ? »
« Wyatt, ne sois pas bête. Je suis venue ici avec une petite fille que j’ai recueillie. Elle a été battue par ses parents et bien entendu, nous les avons bannis après leur avoir retiré l’enfant. Je souhaite l’adopter mais quand je lui ai expliqué la situation, elle a paniqué et… disparu. »
« Si elle est si petite, elle ne doit pas être loin », fit Wyatt en commençant à chercher autour d’eux.
« Tu as fini de faire le pitre ? Elle n’a pas disparu normalement. Elle s’est éclipsée. C’est un être de lumière, enfin probablement demie, vu son âge. »
« Tu attends de moi que je la localise ? Elle n’est pas une de mes protégées, ça risque d’être compliqué… »
« J’ai pensé que tu pourrais peut-être identifier un autre être de lumière, surtout de son âge. Je suis désolée, je sais que je t’en demande beaucoup, mais elle a cinq ans, elle est toute fragile et elle a peut-être rejoint ses parents brutaux qui risquent de lui faire payer très cher leur bannissement. Elle risque sa vie, Wyatt. Je t’en prie. »
« Et ici, pratiquer un sortilège de localisation… Je pourrais te ramener au château mais préparer la potion serait long. Je vais voir là-haut ce qui est possible de faire. J’en apprendrai peut-être plus sur elle, en prime. J’essaie de faire au plus vite. »

Kathleen acquiesça avec vivacité. Puis, elle s’écroula sur le sol, mordillant ses doigts avec angoisse. Quelque part, elle espérait que la fillette avait rejoint un endroit moins dangereux que la proximité de ses parents biologiques. Elle finit par se relever et tourner en rond, puis elle se rassit et martela le sol du pied. Plus le temps passait, plus la jeune princesse était inquiète, mais pourtant Wyatt ne mit pas très longtemps à revenir. Kathleen eut l’impression que cela durait des heures seulement parce qu’elle était extrêmement inquiète.

« Wyatt ! » s’écria-t-elle en le voyant réapparaître.
« Je l’ai localisée », la rassura son être de lumière en la voyant affolée. « Et j’en ai appris de belles sur elle. Mais nous aurons le temps d’en reparler plus tard. Il y a plus urgent. Je t’emmène. »

Kathleen se précipita contre Wyatt qui se téléporta avec elle auprès de Camille. Kathleen reconnut la maison comme faisant partie du village où Camille avait grandi. Rassurée que son choix se soit porté sur cette maison, elle chercha l’enfant des yeux. Elle était là, devant la maison, en pleurs et complètement bouleversée. Emue, Kathleen s’avança vers sa protégée. Wyatt préféra demeurer en retrait, n’étant pas certain que la fillette accepterait facilement sa présence, puisqu’elle ne le connaissait pas.

« Camille… C’est moi, c’est Kathleen… Je suis là, ma chérie. Je suis désolée de t’avoir rendue si triste, je ne l’ai pas fait exprès. »

La jeune princesse ouvrit légèrement les bras comme une invitation pour la fillette à venir s’y réconforter si elle le souhaitait mais elle ne désirait pas la forcer. Elle avançait avec prudence pour éviter une nouvelle fuite par téléportation, ne sachant pas si Wyatt pourrait jouer longtemps à ce jeu de cache-cache, version Etre de Lumière.

« Je sais que tu dois avoir peur, que tu te demandes pourquoi ton papa et ta maman sont partis sans toi. Mais tu ne risques rien. Je serai toujours là pour toi, si tu veux, et si tu ne veux pas, nous trouverons des solutions pour que tu ne sois jamais seule. Je sais que tu ne comprends pas tout, je peux essayer de t’expliquer des choses. Si tu veux… »

j’ai tellement peur… Plus de papas et plus de mamans… Dans ma maison… Et moi toute seule… Et la princesse qui parle d’être ma nouvelle maman… Mais comment on peut avoir une nouvelle maman? Et puis… les voisins ils ont juste dit que papa et maman étaient partis… Non j’ai peur!

Je pleure depuis très longtemps terrorisé d’être toute seule quand il se passe quelque chose qui me fait une surprise immense… alors que je pleure entre mes larmes je vois la lumière… c’est MA lumière sauf que ce n'est pas moi qu’elle transporte… Je vous promets c’est la même que celle qui me promène mais ce n'est pas autour de moi qu’elle est… Je regarde ce qui se passe et je vois la princesse arriver avec un monsieur inconnu… je comprends vite que c’est le monsieur qui fait la lumière et je me souviens que la princesse elle connaît un monsieur lumière… Mais… Moi je le connais pas et c’est la première fois que je vois un monsieur lumière… Je le regarde en pleurant toujours sans savoir s'il est gentil ou méchât. Il me fait un peu peur je dois bien l’admettre.

La princesse s’avance vers moi et la laisse faire... Même si j’ai très peur de ce qu’elle m’a dit je me sens un peu mieux de ne pas être toute seule… Puis je préfère elle au monsieur que je connais pas… Il est bizarre… Je sens qu’il est très fort … et moi j’aime pas trop les gens forts…

Je sursaute un peu quand la princesse elle me parle… je surveille tellement le monsieur que ça fait peur d’entendre parler… Je la regarde un peu… Elle semble triste elle aussi… Je ne dis rien et je ne bouge pas… Je regarde de nouveau le monsieur lumière. Alors la princesse reparle… Je l’écoute en pleurant encore un peu… Je comprends par c’et sur… un papa et une maman ça peut pas partir sans sa fille ce n'est pas possible mais je veux pas non plus que la princesse parte et que je sois toute seule…

Alors que je me calme doucement sans avoir encore osé bougé, un chien s’approche. c’est celui du voisin il n'est pas méchant mais il aboie sur le monsieur de lumière et lui il bouge pour faire partir le chien… Comme en bougeant il se rapproche de moi j’ai peur et du coup je cours dans les bras de la princesse. Non je veux pas être toute seule… J’ai eu trop peur aujourd’hui… Je veux partir d’ici …

Quand elle se retrouva avec Camille au creux de ses bras, Kathleen les referma sur elle, la serrant contre elle comme un trésor des plus précieux. Elle caressa doucement ses cheveux et s’efforça de la calmer par ses gestes tendres et maternels. Elle espérait que la fillette n’allait pas paniquer à nouveau. La jeune femme la souleva précautionneusement, cachant son visage tout contre elle. Elle ramassa également la poupée que l’enfant avait laissé tomber et la remit tout contre Camille, persuadée que son jouet réconforterait l’enfant.

« C’est fini, maintenant, Camille. Je suis là. Je… Maman est là. »

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. Son cœur avait parlé pour elle. Elle s’avança vers Wyatt sans que l’enfant ne put le voir, cachée au creux de ses bras. Elle avait juste besoin qu’il les ramènent à l’endroit où elles étaient avant, car c’est là que le carrosse se trouvait.

« Je vous ramène ? » interrogea Wyatt, d’une voix basse et douce.

Kathleen acquiesça silencieusement et se positionna délicatement dans les bras de Wyatt qui l’enlaça sans toucher la petite, conscient que sa proximité ne serait pas des plus simples à gérer pour l’enfant. Instantanément, il les téléporta dans la forêt puis se recula de quelques pas, dès qu’ils y furent. Il jeta sur la fillette un regard étrange qui n’échappa pas à Kathleen mais le moment n’était pas idéal pour en parler.

« Je vais te laisser te retrouver avec elle pour l’instant » lui dit Wyatt avec clairvoyance. « Fais-moi signe quand nous pourrons en parler. Cette enfant, elle est spéciale… C’est… une des nôtres. »

Kathleen hocha la tête et Wyatt disparut dans une lumière étincelante. La jeune princesse se demanda ce qu’il avait voulu dire par ces mots. Qu’elle avait des pouvoirs de sorcières ? Kathleen le savait déjà. Mais il n’était pas temps de penser à cela. Il fallait s’occuper de la fillette. Kathleen s’assit à nouveau sous l’arbre et garda Camille contre elle, la cajolant et la consolant, lui laissant le temps de revenir de tout cela pour prendre une décision pour la suite.

j’étais dans les bras de la princesse… Non pas parce que je voulais mais parce que j’avais trop peur… c’était plus possible… Comme si j’étais obligée le faire… Même ma lumière n’arrivait pas venir… Et a force de pleurer j’avais du mal a respirer…

Elle me sert dans les bras et moi je ferme les yeux… Je veux plus voir le monsieur de lumière, je veux plus entendre le chien aboyer je veux lus rien… C’est trop tout ça. J’ai l’impression de faire un cauchemar… La princesse elle me parle mais je l’écoute pas vraiment… Sauf que je pleure encore plus quand elle maman … Je sais pas ce qu’elle dit après mais maman… Ce mot me fait pleurer aujourd’hui… Maman…

Alors que je bouge pas et que je continue a pleurer… Je sens la lumière.. Je la sens qui m’entoure … Mais elle ne viens pas de dedans moi elle est juste là c’est tout… Mais chaque fois que je la sens je me sens un peu moins dans la peur… J’aime la sentir… Enfin j’ai toujours peur de me faire gronder quand je la sens mais j’aime quand même un peu la sentir… Je sais pas ce qu’il se passe… Moi je pleur et puis de toute façon il se passe trop de chose… Tout d’un coup je sens que je me rapproche du sol… Au début j’ai peur que la princesse me pose au sol… non je peux pas rester seule… C’est pas possible… puis en fait non la princesse elle s’assoie c’est pour ça qu’on se rapproche du sol… Moi je pleure sans savoir quoi faire d’autre… J’ai plus peur que quand papa il me puni et j’ai plus mal en dedans aussi… Pourquoi il se passe ça?

Pendant très longtemps je continue a pleurer mais après je peux plus pleurer… Les larmes elles viennent plus… Alors doucement j’essaie de me calmer mais je reste sans bouger… J’ai peur que si je bouge tout les pleur ils reviennent… J’ai très peur… et je suis aussi très fatigué= plus fatigué que quand papa il voulait pas que je dorme pour me punir de l’avoir réveillé.

Kathleen sentit que la fillette se calmait progressivement. Ses pleurs finirent par se tarir. Kathleen savait que l’enfant n’allait pas tarder à s’endormir. La jeune princesse supposait qu’une fois reposée, elle irait sans-doute mieux à condition de ne pas lui remémorer le passé. Quand elle fut profondément endormie, Kathleen l’allongea sur un petit tas de mousse confortable. Il faisait très doux, et ainsi il n’y avait pas à craindre que l’enfant n’ait froid pendant qu’elle dormait.  Puis, elle rappela Wyatt qui aperçut instantanément.

« Je croyais que tu serais rentrée… Est-ce qu’elle va mieux ? » demanda-t-il en regardant la fillette endormie.
« Elle s’est endormie. Je pense que cela lui fera du bien de dormir un peu après toutes ces émotions. »

Wyatt hocha la tête, compréhensif. Comme elle dormait, il s’autorisa de s’approcher de la petite et la contempla un instant dans son sommeil, pensif. Kathleen se rappela ce regard qu’il avait déjà porté sur elle et décida de clarifier la situation afin de comprendre ce qui se passait dans la tête de son Etre de Lumière.

« Que voulais-tu dire exactement par « Elle est des nôtres » ? »
« Elle est de notre famille. C’est une Halliwell. »

Kathleen ouvrit des yeux ronds avant de regarder la petite fille. Puis, elle se tourna à nouveau vers Wyatt pour voir s’il plaisantait, mais il était tout à fait sérieux. La jeune princesse ne pouvait pas le croire.

« Une Halliwell ? Tu en es certain ? Mais dans ce cas, que faisait-elle dans cette famille odieuse ? Ce n’est guère l’habitude des vôtres d’abandonner vos enfants. »
« Les Fondateurs pensent que que c’est une enfant illégitime. Avant qu’on ne la retrouve et qu’on ne s’intéresse de près à elle, elle est passée inaperçue. Mais ils disent qu’elle a la signature énergétique de Chris. Camille est ma nièce. »

Kathleen resta muette devant l’aveu sur l’identité de la fillette qu’elle avait recueillie. Il n’était pas étonnant qu’elle possédât un tel pouvoir si elle descendait des légendaires Halliwell et de Léo Wyatt, l’ange qui les avait si souvent sauvées.

« Il ne faut rien lui dire », fit Kathleen. « Elle est déjà déboussolée du départ de ses parents, et ne comprend pas le fait que je veuille l’adopter. Elle aura du mal à intégrer que son père n’est pas son père et que son père est ton frère. C’est beaucoup trop pour une si petite fille. »
« Je suis d’accord avec toi. J’en ai parlé avec Chris et il m’a demandé de te dire qu’il te la confie, étant donné qu’elle semble avoir en toi une certaine confiance. Il compte sur toi pour la lui présenter quand le moment te semblera opportun. Si d’aventure, elle n’était pas prête avant, les Fondateurs proposent de faire de Chris son Etre de Lumière officiel afin qu’ils puissent se rencontrer de façon plus neutre. »
« Tu es sûr que c’est une idée brillante de faire en sorte, à son adolescence, que son père puisse la suivre et la ressentir partout où elle ira ? » demanda la jeune femme en haussant un sourcil.

Wyatt haussa les épaules et Kathleen soupira. On ne pouvait pas toujours grand-chose contre la bêtise humaine, ou supérieure en l’occurrence.

« Enfin, bref. Merci pour tout, Wyatt. Je prendrai soin d’elle, je te le promets. »
« Je sais. Appelle-moi, si besoin. »

Kathleen hocha la tête et Wyatt disparut dans un flot de lumière. La jeune princesse se tourna ensuite vers le panier de pique-nique et disposa les mets sur une nappe. Puis, elle sortit un livre et lut tranquillement en attendant que la petite Camille ne se réveille.

Je bouge pas dans les bras de la princesse… c’est bizarre d'être dans les bras quand on est triste… Mais là je suis trop fatigué pour voir que c’est bizarre… Alors doucement je finis par dormir… Au début je veux pas alors j’essaie de ne pas dormir mais je finis quand même par dormir…

Je fais un rêve quand je dors... je vois le visage de maman... de papa… mais aussi de la princesse de monsieur matt du monsieur lumière… je vois plein de monde. Puis comme j’ai un peu peur je vois Sophie et Millie dans mon rêve… mille elle a un bébé tout beau et je rigole de le voir courir. J’aime Millie… J’aime les animaux… Alors doucement j’oublie la peur au ventre. Dans mon rêve je vois un petit chien aussi… Il est tout marrant! Il fait des bêtises tout plein! Il court après le papillon et il ne voit pas le ruisseau et plouf il tombe dedans en m’arrosant ! Je rigole beaucoup!

J’aime rêver… Dans mes rêves j’ai pas mal et je peux faire des bêtises si je veux c’est bien! Alors je continue à dormir en souriant… J’aime trop ça. Mais après ben il faut se réveiller.

Quand je me réveille je suis encore dans la forêt mais je me souviens pas trop que je suis revenue… Je me souviens de la lumière mais je sais pas trop… Alors je reste couché sans bougé… Je veux encore faire comme si je dors pour voir ce qui se passe. Je reste dans le silence et je n'entends rien... Après longtemps je décide de me lever pour voir ce qu’il y a à coté de moi… Ohhh a mangé! Mon bidon il gronde à nouveau! Oui j’ai faim moi! mais je regarde autour et je vois la princesse en train de lire… Euh… Je sers Sophie dans mes bras et je regard autour de moi… Je finis par me lever pour aller la voir…

Kathleen leva la tête au moment où Camille approchait. Elle lui sourit tendrement. Il était temps de passer à des activités plus paisibles et probablement plus confortables pour elle. Kathleen avait conscience que la petite fille ne pourrait pas totalement oublier que ses parents étaient partis pour toujours, mais pour l’instant, il valait mieux lui permettre de vivre sans lui rappeler ses parents et petit à petit, elle pourrait sans aucun doute s’habituer à être dans une nouvelle maison, et avec une nouvelle famille.

« Coucou, ma puce. Tu as bien dormi ? »

Kathleen se leva et sourit à l’enfant. Elle s’avança vers la nappe et s’assit à côté. Puis, elle l’indiqua à la petite fille. Il y avait des sandwiches, des salades froides, du pain et des fruits. Tout cela avait l’air tellement appétissant. Il fallait dire que le cuisinier du château était très doué pour faire plaisir à la jeune princesse. Il la connaissait depuis son enfance et lui préparait tous les plats qu’elle préférait à chaque fois.

« Tu as faim ? Si nous mangions un peu ! »

Je vais voir la princesse. elle est en train de lire. Je sais pas si je dois parler ou pas… Des fois je sais pas si on peut faire un truc ou si c’est interdit. mais quand j’arrive elle arrête de lire et elle sourit . Bon elle n'est peut-être pas en colère parce que je suis debout. Je danse un peu sur un pied et sur l’autre… c’est que je sais pas moi si je dois parler ou pas…

Elle me demande si j’ai bien dormi… Je fais oui de la tête… D’habitude j’aime beaucoup parlé mais pas quand je me réveille… C’est ma bouche elle croit que je fais dodo encore… Alors je fais juste oui de la tête.

La princesse me montre la nappe et le mange. Moi j’avais déjà vu le manger! J’aime le manger! J’ai toujours faim! Et mon bidou aussi! il gronde toujours quand il voit plein à manger! Alors la princesse demande si j’ai faim… Je fais encore oui de la tête! Je veux manger moi!

Dès qu’elle dit qu’on va manger je me précipite et je prends un sandwich ! je croque dedans avant de tout d’un coup la regarder...

Oups et si on devait attendre avant de se servir? et si je n'avais pas le droit de manger le sandwich… Je la regarde pas très sur là… Elle va se fâcher ou elle va rire? Je sais plus moi…

Camille n’était pas volubile en cet instant mais elle venait de se réveiller alors c’était compréhensible. Kathleen l’aurait bien réveillée tendrement dans ses bras mais c’était sûrement encore trop tôt pour prendre ce genre d’habitudes. Il valait mieux qu’elle se conforme à ce que la fillette pouvait tolérer et qu’elle l’habitue doucement et gentiment à être cajolée comme toute petite fille de son âge pouvait l’être. Après tout, Kathleen était l’adulte et c’était à elle de se montrer patiente, pas à la petite fille de se forcer, traumatisée comme elle l’était. Kathleen n’était pas ce genre de personne, en plus de cela. Elle préféra lui proposer de manger quelque chose et l’enfant sembla ravie d’en profiter car elle se précipita sur un sandwich qu’elle avala tout rond, faisant éclater la jeune femme de rire.

« Mange doucement, ma puce, tu vas te faire mal au ventre. »

Elle prit elle-même un sandwich qu’elle dégusta avec plaisir. Le cuisinier était vraiment habile pour lui préparer ce qu’elle préférait. Elle se régalait toujours quand il lui préparait des plats, y-compris ce genre de pique-nique.

« C’est vraiment trop bon, tu ne trouves pas, Camille ? Je vais te confier un secret », lui dit-elle avec un clin d’œil. « Je suis une petite gourmande. »

Elle rit et prit un second sandwich d’un goût différent mais tout aussi délicieux. Il faisait bon et cela sentait bon. La journée était vraiment idéale pour un pique-nique.

« Tu peux te resservir, Camille, tu sais. Tout ceci est pour nous deux seulement. »

J’avais faim moi! Bon j’ai toujours faim mais je voulais manger! Du coup j’ai pris le sandwich avant de demander et j’ai mangé un gros morceau! Miam!

Mais du coup … est ce que je vais me faire gronder? Je regarde la princesse sans savoir… Avant je me serais fait faucher fort pour ça… Mais là non la princesse elle rigole juste… Elle rigole de toutes mes bêtises… ça fait bizarre…

D’accord…

je mangeais alors doucement… Je voulais pas avoir le mal de ventre… Je connais des fois le bisou il me dit qu’il veut plus ce que je lui ai donné mais alors il me fait très mal et j’aime pas ça… La princesse reparle alors je l’écoute…

- Oui c’est bon…

je souris quand elle dit qu’elle est gourmande… moi je crois aussi… Mais j’ai fini mon sandwich et maintenant je regarde le reste… c’est vrai que ça a l’air bon… Puis je pense à ce que matt le curieux il a dit.

- pourquoi il n'y a pas de gâteau au chocolat? Monsieur Matt il dit c’est trop bon…

Elle me dit de me resservir alors je reprends un sandwich… Tout ça que pour nous deux? Mais il y a troooop bidou il va exploser!

Kathleen regarda avec un sourire tendre la fillette manger avec appétit. Elle avait apparemment laissé de côté ses angoisses familiales pour profiter du moment et de ce pique-nique et cela faisait beaucoup de bien à la jeune princesse. Elle attrapa une grappe de raisin et commença à en manger quelques grains. Elle avait toujours adoré le raisin et les fruits frais étaient particulièrement appréciables en cet après-midi d’une douce chaleur printanière. Quand la fillette lui réclama un gâteau au chocolat, Kathleen sourit malicieusement.

« Eh bien, je vois que tu es aussi gourmande que moi, Camille. Mais ne t’inquiète pas, » ajouta-t-elle avec un clin d’œil. « Le cuisinier n’oublierait pas mon péché mignon pour le chocolat. J’ai laissé le gâteau dans le panier, j’ai pensé que nous pourrions le manger au goûter. Après avoir joué un peu. »

Elle avait envie que Camille retrouve une vie d’enfant et cela passait aussi par le jeu et la simplicité de la vie qu’elle comptait lui offrir. Ce n’était pas le moment de la mettre devant des choix impossibles, des décisions qu’elle était trop jeune et trop fragile pour simplement comprendre et intégrer. Il valait mieux rester simple et Kathleen s’en voulait de lui avoir parlé ainsi, elle avait une fois de plus laissé ses émotions prendre le dessus. Matt avait probablement raison quand il disait que les émotions devaient être contrôlées un minimum.

« A moins que tu n’aies pas envie de jouer avec moi. Je ne veux pas te forcer, tu sais ? » précisa-t-elle.

Le gâteau au chocolat moi je n’ai jamais mangé! je sais pas le gout que c’est… La première fois que j’étais avec la princesse elle m’a fait gouter le chocolat chaud… C’était très bon du coup je me demande si c’est pareil le gâteau… Matt le curieux il dit que oui… Mais ‘aimerais savoir! En tout cas ça doit bon car on en a pas souvent et j’ai appris que ce qu’on n'a pas souvent c’est le plus meilleur! Oui je vous promets! On a plein de légume à manger alors que c’est le plus pas bon et le bon on a droit qu'au dessert ou un peu comme ça… Donc comme on n'a pas le droit au gâteau au chocolat souvent ça doit être plus meilleure. j’en suis sure moi!
En tout cas la princesse elle aime aussi le gâteau au chocolat… Il y en a dans le panier?! wow mais pourquoi alors on le sort pas? Pour le gouter mais c’est dans vachement longtemps le gouter… Mais comme elle a l’air décidé je finis par dire oui. Je  veux pas qu’elle se fache même si le gouter c’est dans super beaucoup trop longtemps! La princesse elle propose de jouer avec elle…


Euh… Je sais si j’ai envie… Enfin ce n'est juste que… Comment on joue avec un adulte? Moi je n'ai jamais joué avec un adulte… Pas beaucoup avec d'enfant non plus… Du coup je fais quoi? c’est quoi les jeux des adultes. N. et puis est ce qu’il y a de jeux des adultes que des enfants peuvent jouer aussi? Je sais pas moi… Je la regarde sans trop savoir …


- C’est quoi le jeu?


Je préfère demandé! Et si jamais c’est un jeu où on fait mal? Moi j’en ai marre! Quand je jouais avec les grands enfant du village je finissais toujours par avoir mal… alors maintenant je demande… Je reste calme… Tout en regardant des fois la princesse et des fois les arbres…
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Quand Camille sembla sustentée et qu’elle-même eut assez mangé, elle rangea les restes du pique-nique, non sans contempler le gâteau avec envie. Mais elle se força à attendre. Pour elle aussi, le goûter était dans bien trop longtemps à son goût mais il serait cent fois meilleur si elles attendaient un peu. Kathleen le savait pertinemment, même si elle avait une patience quelque peu émoussée en ce qui concernait certaines choses et la bonne nourriture en faisait partie. Il n’y avait rien de meilleur qu’un bon repas.

Elle fut contente que Camille ne repousse pas directement l’idée d’un jeu. Cette petite avait grandi jusqu’à présent sans s’amuser du tout et Kathleen n’aimait pas qu’elle ne puisse pas avoir une vie d’enfant. Elle songea qu’en plus, si elle parvenait à la rapprocher de Matt, Camille allait certainement beaucoup s’amuser parce que le jeune homme ne manquait pas d’un certain grain de folie. Mais avant, il fallait encore qu’elle accepte de jouer, et ce n’était pas forcément gagner d’avance avec la petite fille.

« C’est un jeu où on se court après et un des deux doit toucher l’autre. Par exemple, disons que je suis celle qui dois toucher l’autre, je te touche » dit-elle en posant doucement la main sur son bras, sans appuyer. « Et à ce moment là, c’est à ton tour de me courir après. Tu as compris ? Tu veux essayer ? »

je sais pas trop si j’aime jouer avec les autres… des fois je rigole en les regardant jouer mais quand moi je joue souvent ils me font mal… Mais je sais que la princesse elle veut jouer… Et j’ai un peu peur de lui dire non… Ben oui c’est une adulte elle fait quand même un peu peur… Je respire donc et je lui demande ce que c’est que le jeu…

Gentiment elle m’explique qu’il faut se courir après et se toucher. Moue. J’hésite… Il faut se toucher et après on change de personne qui court après l’autre. Pourquoi? Ce n'est pas toujours très drôle de courir. Moi je sais car j’ai beaucoup couru. Mais je vois qu’elle veut alors je dis oui. Ben oui! Même si elle est gentille avec moi elle continue à me faire peur. Enfin un peu quoi. Je respire un grand coup. Je n'ai pas trop envié du tout. Mais des fois il faut faire même ce qu’on ne veut pas. J’ai entendu des adultes dire ça souvent alors je m’accroche et je me force à faire un tout petit sourire.

- D’accord.

Je la regarde sans savoir si c’est moi ou elle qui commence à jouer. En fait je sais pas trop si je dois courir ou attendre qu’elle coure. Je ne sais pas ce que je dois faire.

Camille avait l’air d’accepter la proposition de Kathleen un peu à contrecœur. La jeune princesse se dit qu’elle allait devoir faire ce qu’elle pouvait pour convaincre l’enfant de s’amuser au cours du jeu. Elle ne savait pas si Camille allait se prendre au jeu ou pas, mais elle comptait lui en laisser la possibilité. Il fallait dérider un peu la fillette si elle voulait qu’elle puisse à nouveau se comporter comme une enfant. Et puis, elle était persuadée que l’enfant serait un merveilleux rayon de soleil si elle pouvait trouver confiance en quelqu’un, si elle pouvait trouver du goût à vivre.

« Alors, on y va ? »

Elle toucha la jeune fille, tout doucement, pour ne pas la faire tomber, puis s’éloigna précipitamment mais pas trop. Elle ne voulait pas rendre les choses difficiles pour Camille mais lui permettre de s’amuser. Elle était prête à la faire courir un peu mais voulait aussi voir si elle allait pouvoir se détendre et se laisser aller comme toute enfant pouvait le faire. La jeune princesse se souvenait de parties endiablées de chat avec Matt et Léa, ainsi que des longues heures passées à s’amuser ensemble.

« Eh bien vas-y, Camille, essaie de m’attraper ! »

Je regarde la princesse. Je reste calme. J’aime plus jouer moi à des jeux avec ma poupée. Puis je pense encore un peu au gâteau au chocolat. Mon bidon il n'est pas encore trop plein vu que j’ai pas mal au bidon. Je sais que mon bidon il peut plus avoir à manger quand il e fait mal. Mais je veux pas que la princesse se cache fort alors je dis oui à son jeu. Avant que je comprenne la princesse me touche et sans que je sache pourquoi je saute en arrière. J’aime pas qu’on me touche … enfin pas qu’on me touche comme ça. Mais pourtant j’ai pas mal juste j’aime par parce que ça rappelle quand j’avais mal. Mais je ne dis rien. j’ai peur que la princesse se fâche. La princesse elle est partie en courant et me demandant de lui courir après. Bon ben d’accord. Au moins elle n'a pas l’air de se mettre ne colère. Je respire un grand coup.
Je regarde encore un peu autour de moi et je commence à courir tout doucement. J’aime bien courir! Comme tous les enfants je pense. C’est marrant très vite et de sentir le vent dans les cheveux… La princesse elle court devant moi pour que je la touche. Moue… Je cours encore un peu puis je la rattrape. c’est un peu marrant même si c’est un peu effrayant x) mais bon. Je rigole quand même. Je cours et je finis par la toucher. Comme je l’ai touché j’ai gagné! Je suis tellement contente que je m’arrête sur place! Ben oui le jeu il est fini vu que j’ai gagné!

- gagné!

je la regarde sans bouger!

-on fait quoi maintenant? on joue à quoi?

Je n'ai pas l’habitude de jouer à des jeux pendant longtemps…

Kathleen ne put s’empêcher de sentir son cœur bondir quand elle entendit la fillette rire comme elle ne l’avait jamais entendue faire. Elle la fit courir un moment après elle, rien que pour le plaisir de l’entendre rire et s’amuser. Cela lui faisait tellement chaud au cœur. L’enfant avait besoin de se sentir heureuse de jouer, pour changer, mais Kathleen ne voulait pas précipiter les choses. Aussi, au bout de quelques minutes, se laissa-t-elle rattraper et laissa-t-elle l’enfant la toucher. La petite fille s’interrompit presque aussitôt, comme si la fin du jeu mettait aussi fin à son plaisir. Ca attrista un peu Kathleen qui ne le montra pas.

« Oui, bravo, tu as gagné, ma chérie ! »

Camille demanda alors quel était le prochain jeu. C’était encourageant et Kathleen décida de lui laisser le choix sur la suite des évènements. Camille n’avait que cinq ans mais la jeune princesse avait envie que l’enfant sache qu’elle pouvait parfois choisir elle-même certaines choses et faire ce qu’elle avait envie de faire. Camille avait toujours été obligée d’obéir et de faire ce que tout le monde voulait. C’était important pour un enfant d’obéir, c’était vrai, mais un enfant épanoui avait aussi le droit de choisir quelques activités de temps en temps et de se faire plaisir.

« Comme tu as envie, Camille ! On peut continuer ce jeu, alors c’est toi qui court et moi qui essaie de t’attraper ! Ou alors on peut jouer à cache-cache. Tu en penses quoi ? »