Océan et vagues de nostalgie

Face à la mer, le vent faisant onduler sa chevelure cuivrée, Amerei laissait ses doigts caresser la surface lisse de l'eau des vagues qui venaient mourir sur le bord de la plage, sous un soleil agréable. Mais tout sur son visage respirait la tristesse mélancolique de la solitude. Oh, elle ne regrettait pas d'avoir quitté les Jumeaux! Là-bas, personne ne la comprenait, personne ne comprenait que certaines femmes avaient plus de besoins charnels que d'autres et que cela n'en faisait pas des catins. Ici, elle était libre. Elle ne regrettait pas non plus ses fiançailles avec Lancel. Il avait été le premier à la respecter, à être sincère, à ne pas la juger et elle était sincèrement heureuse pour lui. Il avait l'Amour dans sa vie, un enfant à naître, une petite soeur à chérir et elle se réjouissait de son bonheur. Mais elle voulait plus que cela. Elle voulait connaître le bonheur personnel, vivre quelque chose, une béatitude, une passion bien à elle et ne plus vivre heureuse par procuration. Cette terre était accueillante mais pour l'instant, Amerei se sentait étrangère. Et seule. Bien trop seule pour un coeur fait pour la passion brûlante.

Feena avait passé une merveilleuse journée a Kentburry en compagnie du jeune Comte après que son amie la princesse Kathleen l'y ati laissée bien plus tôt dans la matinée.

La matinée, comme le début , la fin de journée et le début de soirée, s'était vraiment bien passée, remplie d’expériences nouvelles, étonnantes et amusantes pour la jeune petite sirène, qui l’avait bien fait rire, sans oublier les sentiments d’amour qui s’éveillèrent en elle, révélés et partagés avec le jeune homme durant leur balade sur la plage la matin même dans un tout premier baiser.*

Malheureusement la soir venue, son amie ne vint pas la chercher comme prévu, ce qui la surprit autant que le jeune Comte qui décida de se rendre au château pour voir ce qu'il se passait. Malgré les réticences du jeune homme elle l’accompagna jusqu’au château.

Pendant que Matthieu alla se renseigner et prévenir  de l’absence de la jeune princesse, Feena retourna dans sa chambre préparer les quelques affaires qu’elle avait emmené avec elle et certaines autres qu’elle emporterait à Atlantica .

Une fois cela fait, la jeune sirène attendit de nombreuses heures le retour de son bien aimé, qui devait la rejoindre pour lui donner des nouvelles, malheureusement quand on frappa a sa porte et que celle-ci s’ouvrit, ce n’était pas Matthieu qui se refléta dans son regard, mais la mère de son amie, la Reine Ariel, qui venait la prévenir du départ précipité du Comte et du Jedi Matthieu, qui s'étaient lancés à la recherche de la princesse disparue.

Feena comprenait bien cet état de fait, mais elle ne pouvait attendre plus longtemps le retour de son bien aimé et de son amie disparue sur terre, elle était restée plus longtemps que prévu et devait à présent retourner a Atlantica avant de s’attirer les foudres du roi Triton et de ses parents, qui avaient accepté et accédé à la requête de la jeune Princesse Kathleen pour qu’elle reste sur terre durant toute une semaine.

Elle remercia alors la jeune Reine pour son accueil et sa bienveillance avant de récupérer ses affaires et de se diriger sur la plage pour pouvoir rentrer chez elle, mais une fois sur celle-ci, son regard se fixa sur la mer, l’océan, ainsi que le château derrière elle d’un air triste et mélancolique.

Elle ne voulait pas retourner à Atlantica, elle voulait rester sur terre auprès de Matthieu, de plus son cœur était lourd de peine et de chagrin de ne pas avoir pu le revoir avant son départ, même si elle en comprenait la raison.

Ce n’était vraiment pas juste, alors que la journée avait si bien commencé. Pourquoi était-elle née sirène ? Et pas humaine? Pourquoi lui avait-on donné le don de se mouvoir sur terre et mer si elle ne pouvait le faire quand elle le désirait et le voulait ? Son visage commença doucement à s’inonder de larmes silencieuses .

Toujours l'esprit ailleurs, ses doigts jouant avec l'écume, Amerei fut néanmoins sortie de sa torpeur quand, du coin de l'oeil, elle aperçut une masse bleue à forme humaine. Relevant le regard, elle découvrit alors une jeune femme à la chevelure azurée, les yeux remplis d'une eau qui tombait dans la mer à ses pieds, comme pour la remplir un peu plus, ses larmes se noyant dans l'infinité bleue à l'odeur iodée si particulière.

Elle doit être d'une race particulière. Pensa Amerei

Si elle savait le royaume d'Ariel une terre hétéroclite, un véritable pot-pourri de cultures, de peuples, elle avait encore du mal à s'habituer à l'idée que certains de ses êtres n'étaient pas que des mythes, racontés dans les chansons des bardes et des troubadours.

Et pourtant, nous sommes semblables. Elle aussi, elle est en proie à la mélancolie des jours passés.

Feena secoua alors la tête pour se reprendre et arrêter de pleurer. A quoi bon? Cela ne servait à rien de pleurer et ne changerait ni les choses ni sa situation. Elle aurait aimé, elle aussi, partir avec les deux Matthieu pour les aider et comprendre ce qui était arrivé à son amie, mais malheureusement elle aurait était plus une gène qu’autre chose.

Que pouvait faire une sirène qui ne savait rien faire d’autre que nager, chanter et jouer de la musique, et qui découvrait à peine le monde, ne sachant ni se défendre ni se battre ? Mais elle contait bien changer cette état de fait et d'aller très vite parler à ses parents ainsi qu'au Roi Titron de ses sentiment partagés avec le jeune conte de Kentburry, pour enfin vivre son histoire d’amour et accomplir son rêve de vivre sur la terre. Mais cela, elle ne le ferait pas avant le retour de Kathleen et des autres.

Avec ses mains elle effaça ses larmes sur ses joues, respira profondément pour se reprendre, se calma avant de retirer ses chaussures pour ensuite s’approche de la mer et s’assit au bord de celle-ci, laissant eau salée chatouiller et recouvrir ses pieds qui se changèrent très vite en queue de sirène.

Amerei observa en silence la jeune créature mythique et mystique qui se tenait devant elle, admirant, dans la discrétion la plus totale, le spectacle de ses jambes humaines redevenir ce qu'elles étaient à l'origine: une queue de sirène. Les jambes semblaient se coller dans peine, elles avaient bleui, s'étaient couvertes d'écailles lisses et brillantes avant d'achever sa transformation.

C'est d'une ironie sans nom. Pensa la jeune femme. Moi, je me plains de ne pas avoir assez de voyages, elle, elle semble vouloir ma propre vie: rester dans un lieu aux cotés des gens qu'elle aime.

Même pour les sirènes, la mer était synonyme de vague à l'âme. Peu importait la race, l’ethnie, l'être doté d'une conscience et d'une âme, capable de sentiments, aspirait à un ailleurs toujours mieux que ce qu'il avait déjà. C'était à se demander si de tels êtres ne descendaient pas d'Icare, au lieu d'Adam, d'Eve, ou de tout autre être mythologique qui servait d'explication pour l'origine de la vie sur terre.

Une fois sa transformation achevée, la jeune sirène ne put s’empêcher de sourire, de soupirer légèrement et discrètement de plaisir, de bien-être.*

Etre humaine et avoir des jambes était formidable et permettait de faire, de pratiquer beaucoup plus d’activités qu'avec des nageoires, mais cela faisait aussi du bien à la jeune femme de retrouver sa queue et ses écailles après une si longue période.

Même si elle adorait la terre et tout ce qu’on pouvait y faire, y trouver et retrouver, et passer du temps avec ses ami(e)s, connaissances et son bien-aimé , elle restait une sirène avant tout. Sa nature la poussait à ne pas rester trop longtemps loin de la mer sans déprimer, sans répondre et céder a l’appel de l’océan pour aller mieux.

Certes, si elle restait sur la terre plus que de raison, loin de la mer et de son appel, elle ne dépérirait pas pour autant mais elle perdrait le pouvoir contenu dans son chant, et l’envie même de chanter ou joue de la musique.

A ce moment là, un jeune dauphin fit plusieurs sauts hors de l’eau un peu plus loin du rivage, ce qui attira l’attention de la jeune sirène qui reconnut son amie et compagne de jeu à d’Atlantica, la jeune dauphine Daurina.

« Ha Daurina ! » Dit la jeune sirène d’une voie joyeuse en voyant l’animal sauter pour attirer son attention avant que celle-ci ne se mettre à émettre plusieurs sons que seule Feena pouvait comprendre.

« Je sais je suis en retard, mais Kathleen a disparu et on ne sait pas où elle est, le Comte de Kentburry et le Jedi Matthieu sont partis à sa recherche. J’ai voulu attendre leur retour, mais comme ils ne revenaient pas et qu’il se faisait tard, j’ai décidé de rentrer ! Prends de l’avance et va prévenir le Roi Triton et mes parents de ce qu'il se passe, et que j’arrive d’ici peu, d’accord ?! »

Pour toute réponse, la dauphine émit un nouveau son avant de sauter et de disparaître dans l’océan. Avant de rentrer, à force d’être harcelée et de devoir répondre aux questions de tous face à la disparition de Kathleen, Feena décida de reste un instant de plus sur la plage avant de rentrer.

Amerei observa le dauphin jouer et apparemment communiquer avec cet être étonnant qu'était cette jeune sirène. Comme il devait être plaisant de vivre sous l'eau, de voir toutes les merveilles du monde sous-marin! Oh, Amerei ne regrettait pas sa condition de simple humaine, elle savait qu'elle lui apportait son lot de plaisir et de merveilles. Mais dans son état de déprime, tout lui semblait mieux, plus beau, que sa condition de simple mortelle impuissante, dont le seul talent était de savoir séduire les hommes et de leur faire passer une bonne nuit ou un bon moment de chair. Elle n'avait même pas été capable de donner un enfant à feu son mari. Il n'y avait pas eu d'amour entre eux mais du respect, beaucoup d'amitié aussi. C'était bien l'un des seuls regrets qu'elle avait. Ne pas avoir eu un morceau du premier homme à l'avoir vue comme une femme et non comme une catin.