Retrouvailles mouvementées [PV Cassandra]

Cela faisait maintenant quelques mois qu’Emilie avait rejoint le côté obscur de la Force, du moins, c’était l’impression qu’elle donnait au regard de son amie Léa et de tous ceux qui la connaissaient. Au début, ses premiers temps s’étaient faits dans les pas de son Maître, mais elle était parvenue à gérer l’affaire Wellan et plusieurs autres missions de routine et cela lui avait permis de prendre confiance en elle. Elle avait parlé à son Maître. Elle lui avait parlé du plan qui consistait à approcher DarkVador à l’aide de son talent pour la diplomatie, qui pouvait s’apparenter à un don de manipulation.

Le plan plut à Alina Matay. Approcher Vador, découvrir ses petits secrets, les transmettre à l’Ordre Jedi, c’était le but premier de la mission que d’espionner les Siths et grimper dans la hiérarchie ne pouvait être que bénéfique. Mais Emilie savait qu’elle allait devoir avancer seule, si elle se rapprochait de Vador. Elle s’était donc avancée au plus proche du Seigneur des Siths, en perdant la protection rassurante de son Maître, alors qu’elle n’avait pourtant que douze ans. Mais Emilie était déterminée, et elle avait intéressé Vador.

Toutefois, le Seigneur des Siths ne prenait pas n’importe qui sous sa protection. Par ailleurs, au vu de son âge et de ses compétences naturelles, Emilie pouvait faire un padawan tout à fait acceptable, mais les conditions pour être le padawan de Vador ne se limitaient pas à quelques connaissances théoriques ou compétences pacifistes telles que celle qu’Emilie possédait. Elle était donc depuis un moment sous la direction de quelques Siths qui avaient pour mission de renforcer ses compétences en matière de cruauté et de violence.

Depuis quelques temps, des promenades à but éducatif avaient donc eu lieu qui se terminaient toutes en scène d’horreur pour la petite qui n’était, malgré tout, qu’une enfant. En effet, les entraînements n’étaient autres que des entraînements à la torture. Pour le moment, le meurtre n’avait pas été à l’ordre du jour, mais cela arriverait sans aucun doute tôt ou tard. Emilie ignorait comment elle allait pouvoir garder le bien en elle si elle devait commettre des meurtres et espérait que ce ne serait pas le cas avant que Vador lui accorde sa confiance.

Toutefois, ce ne serait pas encore aujourd’hui. Aujourd’hui, les Siths avaient capturé un villageois du Royaume d’Aurore, le Royaume natif d’Emilie, où ils se trouvaient actuellement. Elle ne connaissait pas l’homme, mais ça n’avait pas d’importance, elle avait encore échoué spontanément à torturer l’individu. Elle avait alors été punie, torturée elle-même quelques mètres plus loin, jusqu’à ce qu’elle accepte de coopérer. Actuellement, seuls quelques traces sur son visage et une fatigue émanant de son aura dévoilaient ces tortures alors que de son pouvoir de Force, elle contraignait l’homme à se tordre en deux de douleur, écœurée par ce qu’elle faisait, mais terrifiée du Sith qui la menaçait d’agir à nouveau par ce biais sur elle.

Comme Janet l’avait proposé lors d’un dîner de famille quelques temps auparavant, au château de Camelot, Cassie l’avait accompagnée en voyage à travers les divers Royaumes alentours. Janet avait pour but d’apporter soins et médicaments dans ces lieux, pour Cassandra, c’était l’occasion de les découvrir. Ce jour-là, toutes deux se trouvaient au Royaume d’Aurore. Tandis que sa mère adoptive soignait les malades, la jeune fille, elle, se promenait dans le village.
Au détour de sa ballade, elle aperçut Emilie, accompagnée d’hommes, qui torturait un villageois qui se tordait de douleur. Mais, mais… Mais… Elle n’était tout de même pas tombée aussi bas que ça ?! Apparemment, si pourtant. Cependant, Cassandra ne reconnaissait pas la jeune jedi dans ces actes. Elle était certes plus proche de Léa que d’Emilie, mais avait eu l’occasion de la côtoyer. Elle était également au courant quant à sa défection et sa trahison. Pour autant, elle ne l’aurait pas crue capable de… cela.
Ne prêtant guère attentions aux Siths présents, Cassie n’écouta que son envie de mettre fin aux souffrances du villageois, n’en supportant pas la vue, et débarqua brutalement sur la scène de l’action.

« STOP ! Mais Emilie, qu’est-ce qui te prend ?! Laisse ce pauvre homme tranquille ! »

Cassandra était tout bonnement révoltée et avait d’ailleurs commencé par crier. Elle était à présent en train de tenter de libérer l’homme de l’emprise de la jedi, par la seule force de ses mains. Irréaliste ? Mais, qui avait dit que la jeune fille était réaliste ?

« D’abord, tu abandonnes et fais souffrir Léa. Et maintenant, tu t’attaques à un pauvre homme sans défense ? Je ne te reconnais pas là ! »

Oui, elle ne la reconnaissait pas et l’attitude d’Emilie, même avec les quelques informations qu’elle avait, la surprenait. Ce qui la poussa à observer plus avant son interlocutrice. C’est alors qu’elle remarqua des traces sur le visage de la jeune jedi. A quoi étaient-elles dues ? Emilie s’était-elle blessée ? Avait-elle été battue ? Ou pire, torturée elle-même ? Par les hommes qu’elle avait vus en arrivant ? Ceci aurait le mérite d’expliquer cela. Plus précisément, cette hypothèse pouvait éclairer l’attitude d’Emilie. Mais, si c’était là le cas, la jedi avait probablement besoin d’aide… D’une aide que Cassie lui proposerait volontiers, mais qu’elle n’était pas forcément à même de lui apporter directement. Poser la question directement ? Et se fier à son instinct plus qu’à la réponse qui lui serait apportée ? Trouver un code pour dire les choses indirectement ? Pour autant, pourrait-elle se fier à la réponse qu’elle se verrait apporter ? Pouvait-elle seulement se fier encore à son interlocutrice ?

Dans un murmure que seule Emilie pouvait saisir, n’ayant pas d’idée de « code », elle lui glissa :

« Ton visage ? Tu t’es fait ça toute seule ? »

Après avoir posé cette question à son interlocutrice, Cassie l’observa attentivement, espérant peut-être lire sur son visage ce qu’il en était, plus qu’elle n’espérait une réponse directe.

Emilie eut la désagréable surprise de voir soudainement surgir Cassie devant elle. Elle stoppa la cruauté de son acte presque aussitôt mais le temps de réaction ne lui permit pas de l’interrompre sur le champ. Toutefois, contrairement à ce qu’elle craignit, Cassandra ne sembla pas souffrir de son Etreinte, ce qui la rassura instantanément. Toutefois, la présence de ses collègues Siths, plus le côté fonceur et tête brûlée de Cassie n’était pas pour rassurer Emilie. Elle s’efforça de rester froide tandis que Cass lui reprochait son attitude face à Léa mais aussi à l’inconnu.

Si tu savais, Cassie, si tu savais ce que j’ai dû endurer pour en arriver là… Non, je n’ai pas facilement réussi à torturer cet homme ! Mais comment te dire ce que je dois faire ? Ou ce qu’on m’a fait ? Devant eux, en plus… Je ne peux me le permettre… Pardonne-moi, Cassie…

Emilie ne savait pas très bien comment prendre la chose. Cassandra était déjà dans le réconfort de l’individu et leur tournait partiellement le dos, ce qui n’était absolument pas recommandé face à une bande de Siths. Devant l’inconséquence de son amie, elle soupira, intérieurement cependant. Soudainement, elle vit que les individus qui l’accompagnaient avaient bien l’intention de montrer à cette empêcheuse de torturer en rond ce que voulait dire de priver des Siths de leur amusement. Quand Cassie s’approcha pour lui parler à voix basse en lui demandant ce que signifiait ses blessures, Emilie mis la main devant elle et d’une légère poussée de Force, elle maintint Cassie à distance respectable.

« Laissez-la ! Je la connais. »
« Elle t’a vue et reconnue… » protesta l’un des Siths.
« Justement. Elle pourra dire à tout le monde que je suis des vôtres, à-présent. Et on me laissera enfin en paix. Laissez-nous, je vais m’occuper d’elle personnellement. »
« Tu n’es pas prête pour ça. »

Emilie se tourna vers celui qui avait prononcé ces mots et d’une poussée infiniment plus puissante que celle qu’elle avait réservée à Cassandra, elle le projeta au loin. Le Sith s’écroula brutalement sur le sol. Emilie garda le contrôle pour l’empêcher de se relever.

« Tu oublies », dit-elle, la voix particulièrement dure et froide, « que tu es là pour m’entraîner afin que je devienne l’élève du Seigneur DarkVador en personne. Autrement dit, son second. Alors évite de discuter mes ordres. »

Elle libéra le Sith de son emprise avant de se tourner vers les autres.

« Une autre réclamation ? »

Sans aucun commentaire, les Siths repartirent. Emilie savait qu’ils étaient directement repartis pour la Contrée Obscure, ne lui laissant qu’un cheval. Les Siths avaient en effet un peu de matériel technologique, mais très peu et ils l’utilisaient avec parcimonie. Ils voyageaient donc généralement à cheval. Une fois seule avec Cassandra, Emilie fronça les sourcils. Comment allait-elle pouvoir gérer cela ? Si elle était franche avec Cassie, celle-ci ne la laisserait jamais tranquille. Mais si elle la brisait elle aussi, elle aurait beaucoup de mal à se le pardonner. Procédant par ordre, une fois les Siths envoyés au diable, elle s’adressa à sa victime.

« Vous aussi, allez vous-en ! Considérez que vous avez de la chance, sans cette jeune fille, vous ne seriez sûrement pas reparti en vie… »
« M…Merci… » balbutia le vieil homme en déguerpissant aussi vite que sa faiblesse actuelle pouvait le lui permettre.

Une fois seule avec Cassandra, Emilie soupira profondément et aller s’asseoir sur une pierre située un peu plus loin. Il était temps de faire les choses correctement, au moins un minimum.

« Assieds-toi, je t’en prie ! »

Cassie faisait preuve de l’inconscience la plus totale face aux Siths présents ? Oui, mais elle n’en avait justement pas vraiment conscience. Et puis, c’était tout simplement là son caractère. Bien fin celui qui aurait pu dire si elle savait à qui elle avait affaire…
Elle s’approchait donc d’Emilie quand elle sentit que la jedi utilisait la force pour la maintenir à une certaine distance d’elle. Mais, pourquoi donc faisait-elle cela ? Telle était la question que se posait Cassandra en elle-même.
Elle assista alors à la scène qui eut lieu entre Emilie et les deux Siths.
Bon, Emilie n’était peut-être pas tout à fait irrécupérable si l’intervention que Cassandra avait faite avait pu la convaincre de libérer le pauvre villageois. Ce fut en tous cas là ce que la jeune fille constata en elle-même. Ou était-ce seulement ce dont elle tentait de se convaincre ?
Elle vit et entendit ensuite le soupir que son interlocutrice poussait. De quoi était-ce signe ? Fatigue, discussion difficile qui se présentait ? Elle l’observa qui s’asseyait et répondit à l’invitation d’Emilie en faisant de même.

« Je t’écoute » dit-elle simplement, d’une voix douce, et en la regardant droit dans les yeux, de manière à la faire parler. Pour l'heure, la colère qui s'était fait entendre dans sa voix lorsqu'elle avait parlé de Léa semblait évanouie.

Elle aurait pu poser beaucoup de questions, et notamment demander des explications. Mais pour l’heure, elle avait le sentiment que le mieux à faire pour inciter son interlocutrice à lui raconter ce qu’elle devait et avait besoin de dire, c’était ce qu’elle avait de mieux à faire. Cela permettrait à Emilie de choisir par quel bout prendre les choses. Il serait toujours temps de lui demander ensuite des précisions, de lui poser toutes les questions qu’elle pourrait se poser pour y voir clair. Et ensuite, d’aviser en fonction de ce qu’elle saurait. Bon, c’était vrai, son caractère était de foncer et de réfléchir après… Mais, aussi inconsciente et téméraire fût-elle, elle savait bien qu’il y avait encore des situations auxquelles elle ne savait pas forcément faire face ou des questions auxquelles elle n’était pas en mesure d’apporter de solution. Elle espérait que si Emilie avait des problèmes, comme elle en avait l’intuition, ils n’étaient pas de ce type-là… Mais, elle ne pouvait pas ne pas envisager cette option-là.

Cassandra ne rejeta pas complètement Emilie puisqu’elle n’hésita pas à s’asseoir sur l’invitation de celle-ci. Elle était soit très peu vindicative, soit très optimiste, Emilie penchait toutefois pour la seconde option, mais davantage au niveau de la bêtise, compte tenu qu’elle s’était mise entre les Siths et leur proie. Cassandra n’était pas vraiment du genre à réfléchir avant d’agir, mais Emilie ne s’était pas attendue à ce que ce soit à ce niveau. Elle observa donc son amie s’asseoir tranquillement.

Et Cassy l’invita à parler, à se justifier plus probablement. Cassandra espérait-elle donc qu’Emilie allait justifier son comportement ? Un court instant, Emilie eût envie de se laisser enfin aller. Elle n’avait personne avec qui partager la monstruosité de ce qu’on l’obligeait à faire. Les Siths qui l’entouraient espéraient qu’elle y trouve du plaisir. Son Maître ? Elle aurait plutôt tendance à la pousser au bout de ses limites qu’à la consoler. Au fond, cela la tentait effectivement.

Mais elle résista aussitôt à la tentation. Tout avouer à Cassy serait la mettre en danger, et il ne pouvait pas en être question. Elle avait déjà brisé le cœur de Léa, elle espérait ne pas avoir à le faire avec Cassy, mais elle ne pouvait complètement contrôler la jeune fille. En fait, pour être tout à fait claire, elle ne pouvait absolument pas contrôler Cassy. Ne sachant exactement comment aborder la question, elle suivit son instinct.

« Tu te rends compte que tu as agi de manière complètement stupide ? »

L’attaque, pour mieux éviter les leçons. C’était un moyen de ne pas prendre parti pour un camp, mais uniquement pour la sécurité de son amie. Cassie ne pourrait en déduire que le fait qu’Emilie était suffisamment attachée à elle pour la protéger, mais ça, elle le savait déjà.

« Ce sont des Siths, pas de simples petits camarades de jeux ! » s’écria-t-elle avec réprobation. « Ils étaient là pour tuer et si je n’étais pas capable de faire preuve d’un minimum d’autorité, tu serais morte à l’heure qu’il est. Qu’est-ce qui t’a pris ? »

Mais elle secoua la tête, la réponse, elle l’avait. Cassandra ne pouvait simplement pas laisser une injustice se faire.

« Enfin, maintenant, tu es sauve et c’est ce qui compte. »

Oui, Cassie s’était assise tranquillement. Quelque part, elle était convaincue que si Emilie avait voulu lui faire du mal, elle l’aurait déjà fait… ou aurait laissé les siths faire. Elle écouta son interlocutrice, mais au lieu des réponses qu’elle attendait, tout ce qu’elle put obtenir, ce furent des critiques. Cassandra nota l’inquiétude qui en émanait et la volonté d’Emilie de la protéger. Toute bonté ne semblait donc pas définitivement perdue…

« J’ai agi en accord avec moi-même. Si tu me connais comme je pense que c’est le cas, tu sais que je ne pouvais pas te laisser faire sans réagir. Ou encore assister à la scène sans rien faire. »

Oui, elle était téméraire, impulsive, imprudente. Mais, outre son souci de justice, elle n’aurait jamais pu se protéger elle-même au prix d’avoir l’impression de bafouer ses valeurs ou de renier qui elle était. Et puis, sa propre sécurité n’était pas forcément précisément sa priorité. Par contre, elle était touchée de voir que cela comptait toujours pour Emilie et que leur amitié n’était pas morte.

« Qu’est-ce que tu as à ton visage ? Pourquoi es-tu avec ces… siths ? Ils te forçaient à torturer cet homme ? »

Puisqu’Emilie n’avait pas répondu d’elle-même à l’invitation de Cassie, celle-ci avait lancé quelques-unes des nombreuses questions qui lui traversaient l’esprit. Il y avait toujours celle de savoir si son amie, comme elle en avait l’intuition, avait des ennuis… Mais, celle-là, pour l’instant, elle ne s’était pas décidée à la poser directement.
C’était une histoire de jedi et de sith, visiblement, et Cassandra avait dès lors commencé à deviner qu’elle ne pourrait peut-être pas saisir tous les tenants et les aboutissants de cette affaire, mais cela ne changeait pas qu’elle s’inquiétait et voulait déterminer si elle pouvait agir d’une manière ou d’une autre dans l’intérêt de son amie.

Quand Cassy lui affirma qu’elle n’avait pas pu rester sans réagir, Emilie soupira mais devait bien avouer que ça ne la surprenait pas du tout. La fillette était imprudente et impulsive, mais elle faisait toujours des choses justes. Ça, Emilie ne pouvait pas le lui reprocher. Et elle la connaissait assez pour savoir qu’elle n’avait fait que suivre son instinct et ses valeurs. Mais il y avait des choses qui dépassaient son amie. Et là où Cassie, et Léa aussi finalement, avaient tendance à rentrer dans le tas sans trop y réfléchir, elle, Emilie, était beaucoup plus sournoise et trouvait ça plus sécurisé de travailler dans l’ombre.

« Oui, je te connais, et oui je me doutais que tu étais du genre à faire ce genre d’idioties. Mais ça me désespère. Tu es ici sur une terre avec des gens qui ont toutes sortes de pouvoirs et tu en es complètement dénuée. Je ne te demande pas d’agir autrement que tu ne le fais instinctivement mais… »

Emilie retint ses mots quelques secondes, peu sûre qu’elle devrait avouer la vérité à Cassandra, mais elle ne pouvait se résoudre à lui briser le cœur aussi franchement qu’elle l’avait fait avec Léa. Il y avait peu de chances pour que la jeune fille se lance à sa poursuite au contraire de Léa. Cassy connaissait quand-même un minimum ses limites.

« Je tiens à toi, et j’ai eu peur, voilà. »

Cassandra se mit évidemment à la questionner sur ses blessures, son attitude, les pièges et les succès. Emilie songea qu’elle allait devoir faire preuve de moins de douceur et de plus de fermeté. Il n’était pas question que Cassie se mêle de cette histoire, elle avait déjà assez de mal comme ça pour faire tout ce qu’elle avait à faire.

« Cela ne te regarde pas. C’est ma mission et mon affaire. Ne te mêle pas de ça. »