Réunion entre un frère et une soeur

J'ouvris péniblement les yeux alors que le soleil traversait mes rideaux. Encore un qui n'avait pas conscience d'embêter une personne dangereuse. Je trouverais un moyen de me venger de cette boule de feu qui me réveil chaque matin lorsque j'aurais récupérer le trône de Storyearth. Moi, Morgane, l'Ombre, la plus grande méchante de la planète, j'atteindrais tous mes objectifs. Et lorsque cela arriverait, je pourrais enfin montrer mon vrai visage. Quiconque osera s'opposer à moi pourra goûter au goût amère de ma colère et de ma cruauté. Mais pour l'instant, je devais me lever, je n'avais pas vraiment le choix. Je ne me rendormirais pas, et ce maudit soleil continuerait de m'éclairer de toute façon. Je sortis donc du lit et fit rapidement ma toilette. Puis j'enfilai une robe aux teintes claire, allant du beige au blanc en passant par le doré, le tout en dégradé. Si je voulais paraitre gentille et inoffensive, je devais m'habiller en conséquence même si cela m'horripilait. Je répondis à quelques missives que mes subalternes m'avaient envoyé durant la nuit, et je baillai. Je n'étais vraiment pas du matin. Mais j'avais deux vies, la nuit je devais gérer mes responsabilités en temps qu'Ombre, du coup j'étais fatiguée la journée. Je manquais de sommeil, mais tout ça changera bientôt.

Quelques heures plus tard, on toqua à ma porte. Je savais bien que ça arriverait, pas une seule journée je ne pouvais être seule. Je soupirais d'exaspération et m'en allais ouvrir en affichant ce sourire mielleux que je détestais tant. C'était un des serviteurs du château.

-Bien le bonjour mon bon monsieur, dis-je d'une voix bienveillante, beurk que c'était horrible et niais, que puis-je pour vous en cette belle journée?

Le serviteur, détendus par mon ton, m'annonça qu'Arthur, mon frère, voulait me voir. Qu'est ce qu'il me voulait encore ce voleur de trône? Je râlais intérieurement, mais je répondis au domestique que j'allais le voir de ce pas. Je le congédiai et remis un peu d'ordre dans ma tenue avant de me rendre dans la salle du trône. Je traversais lentement les couloirs en saluant gaiement tout ceux que je croisais. Tout le monde ici me prenait pour la plus gentille personne de la planète. Il n'y avait pas le moindre indice qui pouvait me relier à l'Ombre. Ma couverture était tout simplement parfaite. Si seulement mon fils n'avait pas été kidnappé... Lui aurait pus m'aider dans ma grande entreprise. Et le fait d'avoir un enfant n'aurait fait que conforter mes ennemis dans l'idée que je n'étais pas dangereuse. Au contraire de cela, on me l'avait enlever. Ma rage n'en était que plus intense. Et le jour où je le retrouverais, ses ravisseurs n'auront plus qu'à émettre leur dernière volonté avant de disparaitre de l'univers. Mon fils était la seule personne dont je me souciais réellement. Non pas que je l'aime, un cœur aussi noir que le miens était dépourvus d'amour à mon sens. Mais je me souciais de lui.

Arrivée dans la salle du trône, je vis mon frère assis sur son siège, qui m'attendait tranquillement comme si ma venus lui était due. Je m'avançai jusqu'à arriver en face de lui et m'inclinai bien bas. C'était littéralement du lèche-botte que je faisais, de quoi finir de m'agacer pour la journée.

-Bonjour très cher frère, lançai-je en me relevant, toujours souriante, comment allez vous? En quoi puis-je vous être utile au point que vous me convoquiez de la sorte?

Après la réunion avec tous les ambassadeurs et la mise en place du comité d’enquête, le Roi Arthur était particulièrement inquiet, quoiqu’il eût totalement confiance dans les trois ambassadeurs choisis, la princesse Kathleen, le Jedi Matthieu et Rose Hathaway, la vampire. Mais il savait aussi que l’Ombre était futée et maligne et qu’elle ne se laisserait pas facilement piéger. Il se sentait seul et perdu et il n’avait aucune solution absolue. Il ne savait pas comment il allait pouvoir attendre les résultats de l’enquête.

Finalement, il comprit que le problème, c’était qu’il se sentait seul. Daniel Jackson était en visite au satellite avec sa famille, Merlin était en quête dans les profondeurs de la Terre du Milieu. Quant à sa tendre épouse, elle était en visite sur les terres de son père. Mais il restait une personne en qui Arthur avait une totale confiance. Quelqu’un qu’il aimait tendrement et qu’il avait toujours considérée comme sage et merveilleusement éclairée. Sa sœur aînée, Morgane, qui avait toujours été là depuis qu’il était venu à Camelot.

Quand Morgane arriva après quelques minutes, le Roi la regarda s’approcher et s’incliner. Il détestait ce genre de comportement servile mais Merlin lui avait déconseillé de donner des autorisations spéciales à ce propos. Quand elle se releva, Arthur posa sur elle un regard bienveillant alors qu’elle s’étonnait de cette convocation quelque peu brutale. Arthur ne put s’empêcher de regretter le conformisme qu’abritait ce château quand la seule personne qui pouvait soulager ses souffrances et ses inquiétudes ne pouvait lui parler comme à un frère.

« Pardonnez-moi, ma sœur. Vous savez que je déteste ces formalités. Je vous ai faite appeler parce que j’ai besoin de votre avis et de vos lumières. Vous avez assisté à la réunion avec tous les ambassadeurs. Que pensez-vous de l’Ombre ? Que pensez-vous de tout cela ? »

Je m'étais inclinée bien bas pour saluer mon frère. L'éthique et la hiérarchie me l'imposaient. Des frissons me traversaient le dos à l'idée que je doive me montrer inférieur à mon jeune frère. Mais je devais le faire pour pouvoir mieux prendre le trône après. Ce trône m'était légitime, mais pour l'obtenir je devrais alliée ruse et patience. Tandis que je me relevais, il posa un regard bienveillant sur moi en me répondant:

-Pardonnez-moi, ma sœur. Vous savez que je déteste ces formalités. Je vous ai faite appeler parce que j’ai besoin de votre avis et de vos lumières. Vous avez assisté à la réunion avec tous les ambassadeurs. Que pensez-vous de l’Ombre ? Que pensez-vous de tout cela ?

Il me demande à moi ce que je pense de l'ombre? Quelle ironie, à si seulement je pouvais lui montrer la vérité. L’effroi qui l'habiterait en cet instant serait juste délicieusement délectable. Voir la personne en qui il a le plus confiance être en réalité l'ennemis qu'il pourchasse incessamment, ce spectacle serait magnifique. Puisqu'il détestait les formalités, je me permis de m'asseoir à côté de lui, et de lui faire un sourire plus chaleureux, et même de poser doucement ma main sur son bras, pour lui demander d'une voix inquiète:

-Mon frère, vous semblez fatigué. Vous devriez évité de vous surmener à ce point. Venez, allons nous promener, les couloirs frais du château vous feront du bien.

Je me relevai et glissai mon bras dans le sien pour l'inciter à en faire de même. Tout cela me donnait la nausée, mais c'était comme cela qu'il me voyait, je devais maintenir mon image. Tandis que nous marchions tranquillement dans Camelot, je répondis à ses questions

-L'Ombre est une personne maléfique. Jamais elle n'a montré son visage. L'attraper ne sera pas chose aisé. La tuer encore moins. Mais elle commet des crimes horribles. Elle ne peut rester impunément libre. Vous avez eu raison d'envoyer des gens de confiance enquêter sur elle. Dénicher des informations sur l'Ombre et l'arrêter doit être votre plus grande priorité.

Je lui fis un autre sourire bienveillant, c'était amusant d'être l'Ombre et de le rassurer lui affirmer qu'il avait raison de me pourchasser. Avoir une double-vie était fatiguant, mais c'était tellement excitant. Je ne voudrais pas perdre cette adrénaline pour rien au monde.

Les attentions et la gentillesse de sa sœur le touchaient. Il avait tellement besoin de se sentir appuyé dans ces périodes de troubles et seules Morgane et Guenièvre pouvaient le faire. Face aux autres personnes, il se devait de se montrer fort et toujours au mieux de sa forme. Mais parfois, avec sa sœur et son épouse, il pouvait se permettre de se montrer plus faible et plus sensible. Il se leva et, bras dessus, bras dessous avec elle, se mit à se promener dans les couloirs du château.

« Je ne pourrai me reposer que lorsque cette Ombre maudite sera démasquée et arrêtée, ma sœur. Je le crains. »

Arthur écouta attentivement sa sœur lui répondre à-propos de l’Ombre. Elle semblait persuadée qu’avec l’aide de Rose Hathaway, Matthieu Emrys et Kathleen, il parviendrait à identifier et à arrêter l’Ombre. Il aurait aimé en être aussi convaincu qu’elle. Sa sœur ne manquait pas d’optimisme mais il fallait être réaliste. Ils n’avaient même pas une piste. Il se sentait las et à bout de souffle et puis, il fallait bien reconnaître qu’il commençait à se faire vieux pour tout ça.

« Je souhaite que Dieu vous entende ma sœur. J'avoue que j'ai une grande confiance en ces trois personnes. D’après ce que j’ai cru entendre, la jeune enfant d’Ariel, la princesse Kathleen a requis une audience auprès de vous quand elle repasserait par Camelot ? »

Que c'est fascinant d'avoir une double vie, et quelle vie! Être à la fois la soeur et la pire ennemis du roi de la planète. C'était tiré par les cheveux mais l'excitation était palpitante. Seulement je devais maintenir et affichée mon rôle de grande soeur bienveillante. Je fis mine de m'inquiéter de sa santé et l'inciter à se reposer.

-Je ne pourrai me reposer que lorsque cette Ombre maudite sera démasquée et arrêtée, ma sœur. Je le crains.

Réaction typique de mon frère évidemment, il s'inquiétait pour tous les sujets de son royaume et tenait à m'arrêter. Mais, quelle était cette étrange sensation qui étraignait mon coeur? C'était comme si, comme si je ressentais de la peine. Mais c'était impossible, l'Ombre n'avait pas de coeur, je n'avais pas de coeur, les seuls sentiments que je pouvais ressentir étaient la haine et la colère, le désir de revanche. Pourtant je me sentais blessée qu'il veuille m'arrêter, était-ce parce que malgré tout je faisais partis de sa famille, et que je prenais le risque d'être capturée par des gens partageant le même sang que moi? Non, c'était idiot et futile. Je suis l'Ombre, je ne suis plus la fragile et frêle petite Morgane. Je ne ressens plus toutes ces bêtises. Je suis forte et sans pitié. C'est ainsi que je suis. Cet instant de faiblesse fut rapidement effacé et je repris ma promenade avec Arthur.

-Je souhaite que Dieu vous entende ma sœur. J'avoue que j'ai une grande confiance en ces trois personnes. D’après ce que j’ai cru entendre, la jeune enfant d’Ariel, la princesse Kathleen a requis une audience auprès de vous quand elle repasserait par Camelot ?

Ah oui... cette jeune princesse qui fourre son nez partout. Elle pourrait bien compromettre tous mes plans. Il faudrait que je me débarrasse d'elle un jour. Mais après avoir prouver mon "innocence" bien sur. Il faut que la Fée Morgane soit blanchie de tout soupçon.

-Effectivement très cher frère. Et c'est avec joie que je la recevrais. Je ferais tout pour vous apporter mon aide.

Le Roi Arthur ne pouvait pas nier qu’il était agréablement satisfait par la bienveillance et l’appui de sa sœur aînée. Il n’était pas surprenant qu’elle accepte de rencontrer la princesse Kathleen, du royaume d’Ariel et d’Eric. Après tout, lui-même aurait été ravi de lui accorder une audience si elle l’avait requis. Elle ne l’avait pas fait et il soupçonnait que c’était parce qu’elle le tenait pour le maître d’œuvre de la situation. L’équipe d’enquête avait pour objectif de lui remettre un rapport de mission et c’est ce qu’ils feraient. A lui de se débrouiller avec.

« Je vous remercie, chère sœur, de nous apporter votre appui, à moi et à nos alliés. »

La fatigue, ou plus exactement la lassitude d’une situation apparemment sans solution immédiate lui pesait et il éprouva soudainement le besoin de changer de conversation, histoire de penser à autre chose. Il savait Morgane à l’écoute du peuple de Camelot, elle se promenait régulièrement parmi eux.

« Mais dites-moi, quelles nouvelles de notre bon peuple de Camelot ? »

Je venais d'assurer à mon "bien cher frère" que j'étais prête à recevoir l'Ambassadrice Kathleen pour un entretien formel durant son enquête sur l'Ombre. Ce qu'il ne savait pas, c'était qu'une fois innocentée, je trouverais un moyen de me débarrasser de cette fouineuse qui entravait mes plans. J'étais l'Ombre après tout, qui était-elle pour oser interférer dans mon projet? Le trône serait à moi peu importait le prix. Il me revenait de droit! J'étais l'ainée! On m'avait abandonné, seule, étant seulement une gamine. Peut importait qu'un vieux fou sénile ait prononcé une prophétie, ce n'était pas une épée dans un cailloux qui définissait qui était le plus apte à reigner. Je le prouverais, je monterais sur le trône et serait une meilleure Rein qu'Arthur n'était un Roi.
Arthur, désirant surement changer de sujet, et bien le fit. Il passa du coq à l'âne, littéralement, lorsqu'il me demanda:
-Mais dites-moi, quelles nouvelles de notre bon peuple de Camelot ?
La question bâteau, pour faire la conversation. Il était vrai que je sortais souvent en ville, ou dans la forêt. Parfois c'était pour écouter le peuple, pour ajouter à mon image bienveillante, je n'hésitais pas à me mêler au commun des mortels. Mais bien souvent c'était pou diriger en secret mes affaires d'Ombre, ou bien je réapprovisionais mes stocks de plantes dangereuses pour mes poisons et mes potions. Ce n'était pas si "bienveillant" qu'il ne l'imaginait. Cependant, je devais bien répondre.
-Notre peuple se porte bien en grande partie mon frère. Certains villages ont eu de mauvaise récolte cet été, et risque d'avoir faim durant l'hivers, il faudrait leur venir en aide. Et l'on m'a rapporté une attaque de vampire dans un village tout proche de Camelot. D'après les témoignages, c'était un jeune vampire, il a disparus après avoir tué deux personnes. Je ne sais pas quoi faire de cette situation...

Arthur n’était pas complètement ignorant de l’état des récoltes. Daniel Jackson, informé par Janet, lui avait parlé de la situation de certaines familles et il y avait beaucoup songé depuis, mais il était vraiment content que sa sœur lui en reparle. Il trouvait vraiment agréable de la voir prendre soin des familles et veiller sur eux. Elle était vraiment généreuse et douce et il regrettait de ne pas avoir su la marier quand il aurait fallu. Il l’aurait bien vue heureuse avec plein d’enfants à pouponner.

« Je vais demander au Docteur Jackson. Son épouse sera parfaite pour mettre en place un plan de soutien aux familles les plus démunies. Pourquoi n’en partageriez-vous pas l’organisation à deux. Entre dames, vous devriez bien vous en sortir ! »

Arthur n’avait apparemment jamais entendu parler du fait qu’il ne peut y avoir deux reines en un pays, mais au fond, tout s’était toujours bien passé entre Morgane et Janet, alors pourquoi ne pas tenter le coup. Le roi, lui-même, avait quelque affection pour l’épouse de son plus fidèle conseiller et leur fille Cassandra. Et puis, Morgane serait sans-doute ravie de pouvoir s’occuper l’esprit. La vie à la Cour en dehors des fêtes n’était pas vraiment amusante.

« Quant à cette attaque, je vais consulter Dracula à ce sujet. Peut-être ce vampire est-il un jeune vampire perdu. Il est rare d’en voir encore dans cette partie de Storyearth. »